Critique de
H.G. LEE
Un film méconnu, à l'insuccès immérité, mais on peut hésiter à aller le voir : outre que l'on devine une fin tragique, on voit s'ouvrir un chemin menant des espoirs les plus fous à la plus cruelle désillusion, à la folie pour ce qui est du "héros" du film. Le sujet dérange car il met en lumière la fragilité de l'homme face à une nature qu'il s'imagine maitriser seul. Allie Fox tente de remodeler un monde en faisant fi des instruments façonnés par ses congénères au fil des siècles. Il ne cesse de rejeter ce qui est en lui, est né avant lui et ne peut le quitter. Il est imprégné de la civilisation qu'il refuse et son impuissance le rend fou. L’homme est tellement instable qu'on ne peut guère s'attacher qu'à la famille torturée entre la raison et l'amour. Harrison Ford prouve son talent en ne laissant rien paraitre des héros qu'il a joués précédemment : on voit Allie Fox et non un acteur déguisé. Peter Weir sait si bien nouer le drame familial que les images superbes sont presque superflues (mais ce n'est plus un novice! ). Deux bons points encore pour un Maurice Jarre qui a pondu une partition magistrale et pour un River Phoenix à la carrière prometteuse.