Entre puante hypocrisie et grossière roublardise, d'entrée de jeu, pour se dédouaner de toute critique acerbe et malvenue, Lars von Trier nous prévient, par un solide carton introductif, que son film tourné en deux parties, a été censuré et que cette version était réalisée avec son consentement, mais sans son implication (nuance cruciale !) En attendant bien sûr l'inévitable version director's cut, qu'on nous promet déjà. C'est donc avec un parfait cynisme de mécréant et une mauvaise foi de faraud soudard que le petit Lars nous fait part de ses malingres frustrations sexuelles, auprès de demoiselles toujours consentantes et fiévreuses aux basiques phantasmes catatoniques, vaguement turgescents d'un réalisateur en évidente déliquescence maladive. Ce n'est même pas mauvais, mais cruellement pathétique, tout juste déplorable, d'une affligeante tristesse, souvent involontairement grotesque et ridicule, et d'une incongruité besogneuse dans ses malséantes incrustations, ses répétitions abusives et ses dénombrements fastidieux. Et au final, on se retrouve en fait devant un presque sexagénaire vagissant, vaguement angoissé par une lourde absence de créativité et probablement terrifié par la femme (comme par les avions qui l'enverraient en l'air) embarrassé par un paradoxal conservatisme moralisateur dissimulé vaille que vaille derrière une prétendue ouverture d'esprit et de braguette.