A priori, un documentaire de plus sur les différentes problématiques halieutiques rencontrées par une intensification et une sophistication de la pêche en haute mer. En fait, même si la question reste présente en filigrane, la véritable dimension du film se situe dans une prise de vue inorganisée et chaotique de plans et de séquences techniquement incontrôlés, à l'aide de plusieurs petites caméras fixées aux poignets, au torse, à la tête des marins, filmant sans arrêt, durant leurs activités habituelles. Ce qui donne lieu à un déferlement chaotique et lumineux d'images barbares et telluriques, une sorte de monstruosité visuelle, apocalyptique et primitive, où se malmènent éléments liquides divers, embruns, sueurs, éclaboussures, dans une boucherie de chair et de sang, en tranchantes découpes à la machette et machinales éventrations coordonnées. Et c'est dans l'incessant gémissement des cordages, le grincement maladif des treuils, le cri acéré et plaintif des insolentes mouettes et des téméraires goélands que les filets vomissent leur cargaison qui sera plus tard descendu en cales, dans l'antre du navire. Entre délire visuel et sonore qui peut engendrer quelques perceptions hypnotiques et lassitudes hébétées, on côtoie une forme d'épuisement, de sidération et d'anéantissement, complice et victime de cet incessant carnage mortifère.