Thomas Vinterberg récidive dans son traitement des secrets de famille avec cette douceur d'éclairage aux tons chauds propres aux films scandinaves. A la proximité physique des enfants dans le jeu, répondent le puritanisme et l'arbitraire du collectif. Cette fois le cadre figure, non seulement le contournement des tares parentales, mais aussi bien, en seconde lecture, les réflexes induits par la récession, lisser, uniformiser... Un poison qui part de la directrice du centre, épaulée par un expert local... A partir d'une rumeur. L'art d'écarter un gêneur, trop singulier, trop indépendant. A croire que ces gens étouffent tous tacitement le véritable scandale local (le savent-ils, s'en doutent-ils, on en a la libre interprétation). Le rictus de la fillette renseigne le spectateur. On pense au procès d'Outreau, la parole de l'enfant, ce petit ange incapable d'arranger la réalité. Même impasse que dans Festen, fautif démasqué, éducateur rendu à lui-même. J'ai trouvé la petite amie d'une approche étrange, comme si Lucas s'en servait plus qu'il n'en était attiré. L'épouse du vrai grand malade et le fiston sorti de ses gonds sont en revanche très convaincants. Le bémol est que, malgré l'atmosphère très naturelle, l'excellente direction d'acteurs, les scènes de chasse et les traques, on tourne en rond à baigner dans l'obsession du réalisateur. Le dernier coup de feu qui fait mystère de son auteur est celui de trop.