Sur fond sonore d'un bruyant affrontement qu'on devine entre des indiens et des cow-boys, un homme ronfle, puis s'éveille fortement perturbé par le vacarme de la bataille. Des voitures s'arrêtent, puis franchissent un barrage frontalier. Quelques touristes devant un bureau de change ou face à un méticuleux douanier tamponneur, attendent "d'envahir" la Tchécoslovaquie. Les étrangers sont effectivement omniprésents dans les rues de Prague et d'origine fort diverse, un Britannique qui cherche l'hôtel Alcron, un Allemand la direction de la gare, un Français en demande de la maison de la mode ou du théâtre national ou bien un Italien en quête d'un bon restaurant. Que des empêcheurs de dormir en rond, tels ces cantonniers qui se reposent ou fainéantent sur fond sonore d'une chanson qui fait l'éloge du travail. Mais la curiosité et l'intérêt ne sont pas absents du comportement quotidien des habitants de la grande cité tchèque qui tombent d'admiration devant une voiture de sport décapotable, d'origine française, eux qui ne connaissent que la rébarbative et fade Skoda. Et comme tous les quidams du monde, les passants évitent, interrogateurs et plutôt intrigués, une grosse pierre posée sur un trottoir, devant l'entrée d'un magasin ou d'un immeuble, même réactions des conducteurs, face à l'encombrante caillasse gisant imperturbablement au milieu de la chaussée. Et ce n'est pas dans cette apparente banalité réactionnelle ni dans la vision furtive d'enfants qui mendient dans les rues, qu'on démasque le chancelant bonheur socialiste.

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