D'une indéniable originalité et d'une évidente richesse analytique, cette approche, cinquante années plus tard, du
film emblématique d'Edgar Morin et Jean Rouch, à travers de nombreux extraits non gardés lors du montage final, mais aussi interviewes et commentaires des principaux protagonistes, un demi-siècle plus tard. Edgar Morin, en introduction, rappelle le principe conceptuel de l'oeuvre à l'époque, donner la parole aux gens sur la question élémentaire : êtes-vous heureux" ? Sont ainsi abordés, en petites touches parcellaires, mais aussi supplétives, quelques séquences mises de côté, comme l'initiation de Marceline Loridan à la technique de la prise de son avec un magnétophone, la diamétrale opposition entre un technicien-électricien dans le milieu cinéma et un ouvrier d'une usine, le premier jugeant le second comme méprisable et responsable de son aliénation, mais aussi l'intime discussion entre Jean-Pierre et Marceline, couple en conflit et rupture permanents. De longues séquences totalement inexistantes dans la mouture finale comme les fréquentes discussions entre étudiants (avec Régis Debray en dandy décontracté) sur la pertinence ou l'impertinence de la désertion afin d'échapper à l'enrôlement dans la guerre d'Algérie, l'engagement de certains dans les structures hexagonales du FLN ou de phraseurs échanges sur quelques concepts philosophiques. Et en prime, une séquence inédite, tournée aux "Cahiers du Cinéma" qui montre Jacques Rivette dénigrer le film d'Antonioni "L'avventura" dans une discussion avec Lydie Doniol-Valcroze.