Les films d’Anne Fontaine ne laissent pas indifférent. Entre ses mains ne déroge pas à la règle et le casting est étonnant. Il fallait une belle intuition pour imaginer Benoît Poelvoorde dans un rôle d’une telle teneur dramatique. Sans son accord, Anne Fontaine n’aurait pas réalisé ce film et elle aurait eu raison. Il y est magistral. Face à lui, Isabelle Carré est parfaite, évidemment.
Claire travaille dans une compagnie d’assurances. Elle s’occupe d’un dégât des eaux survenu chez Laurent Kessler, un vétérinaire. Du jour où ils se rencontrent, il ne peut plus se passer d’elle. Il lui offre des fleurs, l’invite au restaurant, à un karaoké. Laurent aime les femmes. C’est un chasseur dont les boites de nuit sont le terrain de prédilection. Les femmes y sont faciles. Avec Claire, c’est différent, Laurent découvre le sentiment amoureux. Le jeu de la séduction auquel il se livre serait banal, si un serial killer ne sévissait pas dans la région, égorgeant à coups de scalpel. Claire est fascinée par Laurent. Fascination, amour et effroi se mêlent en une histoire d’amour passionnelle...
... Pour notre plus grand plaisir. Entre ses mains est un film à suspens, un thriller amoureux et intime, librement adapté du roman de Dominique Barberis, Les Kangourous. Anne Fontaine se défend d’avoir voulu faire un film de genre, mais il y a un côté héroïne hitchcockienne chez la blonde et lumineuse Isabelle Carré. En petits talons, gants et manteau ceinturé, elle marche dans les rues de Lille. Les pavés sont mouillés en cette période de Noël. Une ambiance particulière règne. Benoît Poelvoorde joue l’élégance des stars hollywoodiennes, vêtu de costumes sombres et de chemises blanches. On pensera aussi à Jack l’éventreur qui s’en prenait aux prostituées, à ces serials killers impuissants, violeurs à coups de couteau et que seul l’Amour peut sauver.
Entre ses mains est la rencontre de deux solitudes. Claire est mariée, elle a une petite fille et mène une vie rangée. Trop rangée sans doute, ce qui expliquerait le trouble qu’elle ressent. Elle plonge dans cette histoire d’amour qui l’éveille à elle-même, à ses peurs, ses fantasmes. Entre ses mains est une histoire d’amour fou. La gageure du film est de nous amener à trouver attachant cet homme romantique en diable, si malheureux et inquiétant à la fois. Le pari est de nous faire épouser les sentiments de Claire et avec elle de nous attacher à cet homme qui pourrait être le serial killer dont tout le monde parle en ville. Anne Fontaine joue avec un talent admirable sur les points de vue jusqu’au moment ou le film bascule. La mise en scène est rigoureuse, la narration tirée au fil du cordeau. Le doute parcourt le film sur l’identité de Laurent. Des indices sont distillés pour le cinéphile jubilant à jouer au détective. Et l’émotion est de tous les plans. C’est bien d’une histoire d’amour dont il s’agit avec un suspens qui court. Quand vont-ils finir par tomber dans les bras l’un de l’autre ? Et le spectateur est amoureux à son tour de Claire et de Laurent, fragiles, à fleur de peau, chacun éveillé à son propre désir de se sentir exister, chacun étant l’élu dans le cœur de l’autre, à la vie à la mort.
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Son site : Ecrivain de votre vie)