Pour que Moscou ne tombe pas entre les mains de Bonaparte, un général russe a mis le feu à la ville grâce à des oiseaux dont il avait enflammé les ailes. Des années plus tard, le général, devenu vieux, est hanté par des cauchemars. Les oiseaux lui en veulent. Il est veuf, il s’ennuie. Un chien se prend d’affection pour lui. Le général finit par l’adopter. Ensemble, avec d’autres chiens, ils vont vouloir libérer tous les oiseaux.
Francis Nielsen est tombé dedans quand il était petit. Né à Annecy, capitale de la bande dessinée, il a très tôt tripoté les cellulos. De La Ballade des Dalton au Chaînon manquant, en passant par des adaptations de Vuillemin et de Manara avec Le Parfum de l’invisible, Francis Nielsen s’est imposé comme producteur et réalisateur à la télévision. Il travaille actuellement sur les albums de Boule et Bill. Passionné par son métier, Francis Nielsen est un curieux de la vie. Grand voyageur, son imaginaire s’alimente de visions et d’impressions qui trouvent leur place dans son art. Avec Le chien, le général et les oiseaux, il témoigne de son amour pour la Russie et la culture russe.
Ce film a été réalisé d’après un livre de Tonino Guerra, le scénariste entre autres d’Antonioni, de Fellini et de Théo Angelopoulos. Les illustrations qu’en avait fait Sergueï Barkhin ont inspiré l’univers pictural. Les perspectives de guingois, l’architecture des maisons, la composition du cadre, les personnages en apesanteur et les rêves du général qui vole en compagnie de son chien sont autant de références à Chagall. Les illustrations de Barkhin sont des monochromes. Il a donc fallu chercher du côté des icônes et du folklore russe pour les couleurs. L’impression de matière fait aussi l’originalité de ce dessin animé où la neige, les manteaux de fourrure, le poil des chiens, les oiseaux etc. atteignent un degré de réalisme étonnant, tout comme la bande son avec le vent qui souffle, le bruit des pas et le lac gelé dont la glace craque. Ce sont autant d’éléments qui contribuent à un effet de proximité qui entraîne notre adhésion. Comme se plaît à le répéter Francis Nielsen : “c’est vrai puisqu’on le voit” se mettant ainsi dans la peau et dans le cœur des enfants et des grands ayant su conserver une âme candide.
Construit sur une situation très simple, Le chien, le général et les oiseaux ne joue pas sur des effets spectaculaires. Le rythme de ce film respecte le temps de la narration. Les distances que les personnages ont à parcourir sont rendues sensibles. Le traîneau du général traverse longtemps la toundra gelée. Le général doit passer par des couloirs qui n’en finissent plus pour rencontrer le Tsar et plaider la cause des oiseaux. Les grands se laisseront porter par la beauté picturale et par l’étrangeté de la situation. Ils se laisseront surprendre, dans le contexte, par l’arrivée du cortège d’un sultan monté sur un éléphant rose. Les petits (moins de 4 ans s’abstenir) riront de ce chien obstiné à vouloir rester avec le général et de la fâcheuse détermination qu’ont les pigeons à bombarder le général de leurs fientes, l’obligeant à sortir avec un parapluie. Tous seront séduits par cette histoire de chère liberté qu’il faut défendre à tout prix.
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Son site : Ecrivain de votre vie)