On peut ne pas y croire, dire "tout ça pour ça ?" comme je l'ai entendu, avancer qu'il n'y a pas matière à faire un plat du sort de hors-la-loi, bien fait pour leur g... !). Le scénario aurait devancé les réalités d'après Merzak Allouache. Ces dernières années, des milliers de morts ou reconduits case départ pour cinq ans de prison... Idéalistes, affamés de tout, bravant l'hiver rude car persuadés d'un eldorado obligatoire au bout des sacrifices. Les traits de la belle émancipée (splendide Lamia Bouskine !) en gros-plan, la fraternité à toute épreuve du narrateur avec l'élégant Nasser (classe et droiture que ce trio filmé de façon attachante), aident le spectateur à soutenir l'entreprise, cette fuite vers l'eau glacée, la mer est ici une pieuvre aux caprices infinis (et le contexte, à moins d'un cynisme ultralibéral aigu ou d'une conscience brouillée, souffre difficilement le rapprochement avec l'excellente fiction d'Hitchcock, "Lifeboat" !). Gravitent d'autres ombres autour de l'embarcation mille fois imaginée dans les cerveaux... Coquille de noix au ras des côtes espagnoles, dont GPS, téléphones portables, boussole, constituent le grincement humoristique. En creux, j'y ai trouvé : pourquoi une répression aussi impitoyable de l'Europe ? Pourquoi cette inertie des hautes sphères algériennes (ou d'autres pays voisins) ? Pourquoi cette surdité entre les puissances politiques concernées au lieu d'un accord sur des valeurs humanistes ?... Relents de colonisation embarrassants ou simple réflexe d'application de la loi du plus fort ?