Premier mais impressionnant film en droit fil du livre (il faudrait choisir l'un ou l'autre car ils seraient copies conformes ?). La peur qui cloue sur le siège, sans effusion de sang, sans artillerie lourde. Juste des effets d'étau, on est d'abord moyennement serré (avec des bémols pour reprendre son souffle...), on ne mesure pas la machination du système tout de suite. La facture peut paraître classique à certains, je trouve que cela colle bien au début des années cinquante soviétiques. Etrange, mais aucune souffrance du fait que tout soit en bon français, avec l'ambiance de polar noir... C'est, paradoxalement, un film qui semblerait ennuyer les amateurs de terreur à grand renfort de tumulte et effets spéciaux. Glacial, statique, au contraire, qui glace les os (2010 s'accommoderait-il mal de ses hantises ?)... Superbe échantillon de ce qu'un régime totalitaire fabrique par les caprices d'un seul ! Staline, ici vieille mécanique froide, suggère un autre tortionnaire à moustaches. On sue pour cette belle jeune femme (Marina Hands) et son mari (Edouard Baër). Quant au sort des parents de la dame, le trou noir... Lorsque "purger" devient un feuilleton intime palpitant... L'acteur André Dussolier, pipe mâchonnée, oeil torve, campe le sidérant patriarche, le chef des rats dans le labyrinthe. Ses tirades donnent la nausée. Autre bon point en plus de l'ambiance à la frontière du fantastique par moments, les personnages secondaires (Denis Podalydès, Tom Novembre, et cette tête à claque de médecin intermédiaire...). Une tenaille qui rafraîchit la mémoire et autorise à s'estimer heureux dans son coin tant qu'un psychopathe reste à l'abri du pouvoir absolu.