Ancien skieur professionnel, Jomar Henriksen oeuvre désormais à la maintenance de quelques remonte-pentes d'une vague station norvégienne, travail fastidieux et ennuyeux qu'il exècre de plus en plus, au point de noyer fréquemment son aigreur dans de conséquentes lampées alcoolisées. Et lorsque Lasse, l'ex-compagnon de son ancienne petite amie vient le voir pour lui annoncer que son fils, maintenant âgé de quatre ans, veut le voir, notre rugueux montagnard décide de se mettre en route, non sans avoir cramé accidentellement sa bicoque. C'est avec sa puissante motoneige et une copieuse réserve d'akavit que Jomar s'élance en direction de Narvik située à près de neuf cents kilomètres. Mais après quelques heures d'intensive allure, il faut se rendre à l'évidence, l'oubli des indispensables lunettes de protection contre les rigueurs de l'hiver, a provoqué une cécité provisoire. Providentiellement, une petite gamine fort dégourdie a surpris le bonhomme errant dans sa pénombre forcée et l'a ramené au chalet de sa grand-mère où quelques jours d'obscurité totale seront nécessaires pour retrouver la vue. Nouveau départ, désormais visuellement protégé, Jomar va essuyer une effroyable tempête de neige, trouver refuge dans un cabanon de cantonnier qu'il va aussi faire partir en flammes et en fumées. Quelques centaines de kilomètres plus loin, il croise un jeune dégingandé sur son immense camion-tracteur qui, après maintes questions inquiètes sur ses orientations sexuelles, l'invite chez lui pour une profonde soûlographie, avec seulement quelques gouttes d'alcool et un féminin système D fort efficace. Le lendemain, alors que la motoneige a rendu l'âme, Jomar ragaillardi, repart chaussé de solides skis de fond. Après avoir perturbé de sa présence quelques inutiles manoeuvres militaires, notre opiniâtre randonneur rencontre un vieux Sami, campant sur un lac gelé, philosophe candidat au suicide, attendant une généreuse livraison d'alcool filiale et l'arrivée libératrice du printemps et de la fonte des glaces. Des jours plus tard, la lointaine destination s'avère proche.

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