Chuyên Bui Thak, cinéaste viet-namien ménage quelques temps forts qui rachètent le ronron apparent, d'une rare violence intime. Bien amorcé pour ensuite se diluer quelque peu. Ces braves gens sont-ils donc cadenassés dans leur terreur du sexe ! Ainsi, on suppose que ce mariage arrangé n'est pas du tout consommé, simple compagnonnage d'êtres très jeunes, ou tempéraments trop mal assortis, aucun étalage surtout, sacrilège, enfin on ne divorce pas pour si peu dans cette communauté-là... La jeune sensuelle, plus mère qu'épouse, sent soudain son sang chavirer pour de bon, elle se trouve en quelque sorte livrée par une amie (intello plus mûre qu'elle, pas forcément lesbienne refoulée, elle cherche surtout matière à écrire), à un beau partenaire, du genre troublant d'emblée mais pervers si l'on en juge par le sort d'une précédente conquête... Connaître quelques émois par personne interposée, dérive comparable à cette escapade en robe tranchée au couteau pendant que "gros bébé" (le mari) à la maison s'éclate lui aussi... Mouais, ils sont pitoyables avec leur double jeu tout en sauvant les apparences. Splendides images grâce à l'éclairage des intérieurs raffinés, du pastel sur soie, ce rose buvard des rideaux d'intérieur irradiant la pièce entière fait partie des moments de grâce de ce film déconcertant... Franchement, on a mal pour eux d'être aussi coincés dans leurs traditions. Opiacé et soporifique. Une dérive méticuleuse, distinguée dans son traitement, sauf que l'amertume colle à la peau si les moeurs en sont à ce stade encore maintenant au Viet-Nam !