Encore une pépite de Manoel de Oliveira, cinéaste centenaire maintenant (né en 1908 et toujours d'attaque !), dans ce film plus par son habileté que par l'histoire elle-même, un peu mince : un comptable sentimental, qu'on devine élevé en milieu strict, tombe en arrêt devant une fenêtre où une jeune beauté à l'éventail chinois paraît tandis que des cloches tintent... On se croirait chez Maupassant, l'emballement masculin rappelle aussi un autre film, "Dans la ville de Sylvia", les longueurs en moins puisque la projection dure une petite heure ici... Indéniable virtuosité, c'est foisonnant, délicat, l'humour reste sous-jacent, l'image a toujours un je ne sais quoi qui réchauffe, juste un brin d'austérité quand le jeune éperdu est viré par tonton. Visite (comme guidée) des intérieurs aristocrates, l'occasion d'un quart d'heure culturel (exactement comme dans "La lettre", cette adaptation de La Princesse de Clèves) du même auteur... La scène du train, pleine d'une fausse bonhomie, est astucieuse, on arrive au fait presque par surprise. Perce la fierté du peuple portugais vacciné par les privations connues sous Salazar = aide sociale nulle... L'oncle est impayable dans sa rudesse envers son jeune parent ! Seule déception peut-être, cette sensuelle blonde, aussi craquante soit-elle sous ses allures de star en devenir : ses singularités m'ont laissée sur ma faim, j'aurais préféré une autre manie que celle-là. Finalement, c'est le jeune homme qui est singulier.