Ah, l'impressionnant "Excelsior" débarquant à San Francisco sous l'ovation "Gold Klondike !" en cet août 1897, de quoi oublier le marasme économique, chômage, horizon menaçant... Les voilà tous pris de frénésie, hommages aux découvreurs et vite en route pour l'Alaska ! Allons dénicher là-bas, au loin, la solution à nos maux... L'occasion pour Clarence Brown (d'abord assistant de Maurice Tourneur puis l'un des réalisateurs les plus prolifiques de son temps), d'imaginer le quotidien de ces populations, des inconscients... Il détache quelques croustillantes figures du lot des cent mille à se lancer dans l'aventure (dont seulement quarante mille seraient revenus)... On jurerait un documentaire tant ça semble pris sur le vif. D'abord cette file humaine, mince filet de fourmis noires accrochées à la paroi de glace, une motivation... démente ! Légère ironie du cinéaste qui précise que TOUS visent les pépites, au mépris des hauts et des bas que l'existence réserve, appât du gain surhumain... Musique et bruitages font qu'on ne s'aperçoit pas que c'est du muet. Sous-titres bien explicites. Démarrage fulgurant, sans cesse émaillé de petites scènes familières, avec ces sublimes gros-plans sur l'expression, les dégaines... Chaque seconde crée son suspense. On est loin des effets faciles, c'est tourné dans un vrai froid. Véritable magie du cinéaste apte à doser la causticité et le romantisme. Pour tous, au premier chef les grands gestionnaires de 2009 et années suivantes !