De cette obstinée et magnifique descente en soi, une sorte de paisible deuil assumé, correspondant à une radicale annulation d'une trajectoire antérieure, ("éteindre sa vie d'avant") accompagnée d'une tranquille renaissance aux émouvantes et fragiles incertitudes de lendemains ouverts, on retiendra surtout l'impériale interprétation d'une Isabelle Huppert en parfaite osmose avec son rôle, ainsi que l'étonnante présence de Peter Arens incarnant l'imposant personnage du père. Reste l'épineuse et paradoxale affirmation qu'une telle démarche libertaire, vécue par une protagoniste issue d'un milieu fort aisé, parait bien surréaliste, transposée dans le quotidien de nos concitoyens, cinéphiles ou non, plus enclins à se dé(battre) pour survivre aux ravages concrets d'un libéralisme triomphant, que de s'abandonner aux erratiques questionnements existentiels d'une bienheureuse parvenue, à l'avenir tout de même bien assuré, quelle que soit l'intensité de sa détresse ou de sa perdition.