Tout de suite, il saute aux yeux que les trois acteurs principaux sont capables, par leur présence à l'écran, de créer une intensité dramatique, raison pour laquelle les mouches volent dans la salle, un éclat narratif ou un télescopage confirmant l'impression favorable vont venir... Cette jeune à l'allure décidée qu'incarne Yao Qianyn observe, veut savoir et aider, la tête sur les épaules, ne s'en laisse pas conter. Ce drôle d'homme d'affaires boîteux : ambigu mais toutefois bon bougre, de la bonhomie et de l'humour, même après s'être fait abîmer le portrait (Cheng Taishen), un peu d'amour flotte, intéressant... Quant à cette jeune mère en instance de divorce (Jenny Tse), elle reste sensible aux mirages, va-t-elle à nouveau se faire broyer ?... Filmée dans une pénombre qui séduit et intrigue, toute cette belle présentation se délite au profit d'une vision rationaliste de la Chine actuelle (et la place forte qu'est devenue Hong-Kong), des allers-retours où il faut jongler de plus en plus serré pour survivre. Mondialisation et traditions, ces dernières très ancrées (on ne le sait que trop bien !) : stupeur alors, quand la délurée jeune fille du début se change au bout de cinq ans en épouse coincée dans son mariage avec un rondouillard possédant magasin, business. Du coup, tout le reste passe à la trappe... Des deux autres personnages du début, l'un se retrouve aux oubliettes et l'autre noyée dans la masse des gens tous occupés à se débattre avec le système... Trois trajectoires bien cadenassées. Possible de déduire que "seul l'exil" ?... Car frilosité ou manque d'imagination plombent ce film au démarrage accrocheur... Vraiment dommage, d'autant plus que c'est bien filmé !