A l'instar du brillant et sous-estimé "Intolerable Cruelty", "Burn after reading" est à réévaluer d'urgence. La raison de son insuccès vient sûrement que ce film en mode plus "léger" vient après ce chef-d'oeuvre qu'est "No Country for Old Men" et que la comparaison est "écrasante". Pourtant, "Burn after reading" est une brillante et cinglante comédie d'espionnage, comportant un rythme constamment controlé, culminant dans un dernier quart d'heure ébouriffant. Les frères Coen poursuivent leur vision de l'idiotie de leurs compatriotes en établissant une oeuvre hilarante, mais également très dérangeante. Comme dans "Fargo", l'enchaînement des siuations (parfois à l'intérieur d'une même séquence) donne un ton ambigu jouissif, qui malmène la position du spectateur ne sachant pas s'il faut rire à gorge déployée ou être terrorisé par l'absurde du récit. Les personnages sont parfaitements écrits et interprétés dans une fougue comique de bon aloi, cependant les Coen amènent un constat terrifiant de la condition humaine, le pouvoir ne comprend rien et les innocents payent cher l'incompréhension et le manque de contrôle des autorités.Les clowns de service qui n'ont pas beaucoup de jugeote parviennent à dérégler un système qui n'arrive pas à démeler les fils tortueux du récit, à identifier un citoyen lambda ou à comprendre les motivations des molécules qui composent l'atome.Superbement intéressant, une oeuvre majeure des frères Coen, contrairement à ce que l'on pourrait penser.