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BIENVENUE A BATAVILLE-2007-
Nationalité : France
Durée : 1h30
Date de sortie en France : 19/11/2008
Genre : DOCUMENTAIRE
Theme
Milieu ouvrier
- cinéma français -
Réalisation : François CAILLAT
Prise de vues : Jacques BESSE
Musique : Pascal COMELADE
Voix Uniquement
Distributeur : Unlimited
Visa d'exp. : 109946
Résumé
Sur une formidable utopie patronale, remontant aux années 30, lorsque le dénommé Tomas Bata décide de construire conjointement une grande usine de chaussures et une cité ouvrière nouvelle.
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Unlimited est l’une des rares sociétés de production strasbourgeoise à l’envergure internationale ayant produit des films comme Kamosh Pani, La terre abandonnée ou 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Palme d’or à Cannes l’an dernier. François Caillat avait déjà travaillé avec Philippe Avril, directeur général d’Unlimited sur Trois soldats allemands, enquête historico-romanesque sur un disparu de la guerre de 1940. Réalisateur de documentaires atypiques, il revient aujourd’hui avec un film sur la ville de Bata qui fut créée en 1932. Tomas Bata, tchèque d’origine, s’installa en Lorraine, dans un coin de la Moselle, pour y bâtir son usine de chaussures. Autour de l’usine, il construisit une ville pour ses ouvriers et pour les cadres de l’usine. De 1932 à 2001, Bataville fut un univers en soi, une ville-bulle régie par le tout puissant Monsieur Bata. Le documentaire de François Caillat est sous tendu par la voix off, grave et rauque, de ce directeur général tout puissant qui se présente d’emblée comme étant Dieu ! Le ton est donné. Alliant les témoignages et des parties mises en scènes de manière cocasse, Bienvenue à Bataville n’est pas un documentaire comme les autres. Sans avoir cédé à la mode ridicule du docu-fiction, François Caillat interroge les anciens employés de Bata et propose une rêverie acidulée dans un décor aseptisée de petits pavillons avec jardinets proprets. Les gens se saluent gentiment et l’on pense à The Truman Show qui dénonçait la servitude comme prix à payer pour accéder au bonheur et le préserver. Le démiurge ici est M. Bata, un « Big Brother is watching you ! » Dans sa ville, il décide de la tache impartie à chacun : un professeur de gymnastique, par exemple, devra devenir pompier car ainsi en a décidé M. Bata un jour qu’il l’a vu passer par hasard devant lui. Parce que l’on travaille chez Bata, on a droit à un logement et lorsque l’on veut y faire des travaux, il suffit d’en référer à la hiérarchie pour que les ouvriers interviennent et pour obtenir des prix. Dans ce meilleur des mondes possibles, les loisirs sont contrôlés. Sports et musique rythment le temps de Bataville et il n’est pas question de se dérober au risque d’être chassé. Les bons points et les mauvais points sont distribués. Au bout de 25 ans de bons et loyaux services, les ouvriers se voient offrir une médaille et une montre. La qualité de ce documentaire tient au double point de vue sous lequel il avance. La voix de M. Bata joue l’autosatisfaction relayée par les témoignages de ses ouvriers qui affirment avoir connu une belle période en ces années 50-60 où ils avaient du travail, gagnaient correctement leur vie. Les gens n’avaient pas la télé et s’entendaient, faisaient des fêtes ensemble. Les ballons de baudruche étaient à l’effigie de Bata, les ballons de foot et même les cartes à jouer ! Bataville apportait tout ce que bon citoyen est en droit d’attendre en matière d’infrastructures urbaines. A mesure que le documentaire avance cependant, le spectateur a froid dans le dos comme s’il avait affaire à des témoins lobotomisés et lorsque enfin la machine s’enraye parce qu’un témoin parle de paternalisme et de ses excès, il est chassé hors-champ, n’a plus droit à la parole. Ainsi le veut M. Bata. François Caillat joue le second degré avec la formidable machine qu’est le cinéma pour nous interpeller. Avec le décor kitch, la musique offre aussi un contrepoint sonore humoristique et les références à Jacques Tati, à Pierre Desproges et aux Temps Modernes de Chaplin sont autant d’hommages rendus à ces artistes qui dénoncèrent en leur temps l’absurdité ou l’horreur du système sur le ton de la comédie. François Caillat s’inscrit dans leur lignée. (Son site : Ecrivain de votre vie)
Bibliographie