19,5/20 : En visionnant en 2014 cette mutinerie reléguée aux abysses comme poussière sous un tapis, on mesure l'effet des engouements collectifs. Ainsi, de La Nouvelle Vague, imposée comme référence, et qui écarta toute oeuvre suspectée "trop classique. Il semblerait pourtant que René Clément, gommé comme un gêneur has been (reconnu outre-Atlantique surtout, et par des pointures comme Hitchcock à ce qu'on dit) aurait fait aussi bien, sinon mieux, que "Jeux Interdits" (1952) ou "La Bataille du Rail" (1946). Les Maudits, film méconnu, et pourtant ciselé, haletant, truffé de prouesses techniques encore maintenant, où filmer en studio des séquences aussi proches du réel serait manie d'évaporé, outre la ruine ! Le cinéaste aurait raffolé de navigation, rattrapant sa routine conjugale penché sur les mécaniques compliquées, facilement identifié à ses jeunes acteurs masculins, plutôt sec avec ses actrices. Le spectateur cherche de l'air dans l'étau, ce bateau camouflé sous des mètres de fond qui remonte quand ça lui chante... La mutinerie qui l'accompagne combine l'enfermement d'un groupe humain et la "bonne histoire". Pour qui aime rembobiner les séquences les plus spectaculaires, encore plus quand elles s'inscrivent dans un scénario millimétré, avec des destinées individuelles qui désarçonnent. Incisif regard, parti pris en creux. Echo avec notre époque de surexcitation permanente, René Clément semble dire d'outre-tombe, "voyez le processus, un cynisme crescendo jusqu'au cataclysme et puis"... Sorti salles 1946/1947 ou, en tous temps l'après-folie collective, toutes cartouches grillées. Sans que ce soit nihiliste, désespéré, à se f... une balle ! A l'inverse de quelques critiques déplorant le ton monocorde des personnages, je trouve qu'il se justifie car tous les cerveaux, pro-nazis ou pas, reviennent de l'horreur véritable.