Sur une idée scénaristique un peu ténue, avec son lot obligé de scènes d'action souvent époustouflantes, malgré une présence certaine d'un Daniel Craig au meilleur de sa forme physique, ce vingt-deuxième opus bondien laisse pourtant un goût quelque peu carencé : manque d'élégance (on est loin de l'époque d'un James Bond nickel, hiératique, tiré à quatre épingles, même après le passage d'une violente tornade ou d'une escouade de gros durs cogneurs. Aujourd'hui Bond s'en sort toujours vainqueur, mais esquinté, les habits lacérés, le faciès marqué tel un vil pugiliste de bas étage) de cynisme (on réfère plus souvent à ses états d'âme qu'à ses états de service, à jamais énamouré, non loin de roucouler une chaleureuse déclaration d'amour à sa dernière ou prochaine conquête) de gadgets (une absence totale d'armes nouvelles, d'inventions étonnantes et insolites. Ne lui reste désormais que ses poings et son pistolet), et à nous une dérisoire nostalgie bien compréhensible.