Fichtre, suffit-il donc d'être femme, avec des angoisses de ventre, est-ce que je le garde est-ce que j'aurais à assumer seule ou avec qui, pour rentrer dans le sujet ? Car cette jeune gâtée-pourrie semble taper sur les nerfs un bon moment avec ses faux-ongles et ses airs nunuches. On peut rester là-dessus. En fait, la TRES JEUNE Sasha "décolle" en même temps que le ballon de baudruche, grand temps sinon on virait vers un remake américano-chinois d'une certaine " Sue" perdue dans l'immensité urbaine... Admirables cadrages, et jamais gratuits (bien aimé ces pieds nerveux qui arpentent), la caméra, parfois réduite à un écran de mobile, pour qu'on voie avec les yeux du personnage) traque la toute jeune demoiselle, du genre impassible, comme savent l'être les Asiatiques) ou ronchons (comme le sont facilement les ados des pays industrialisés, même invités). Les dehors de petite pétasse s'estompent, il faut décider. De plutôt évaporée, la voilà qui se prend en main, terrible ce visage de gosse tournée vers l'échographie... Précieuses infos sur la démographie inversée chinoise (plus assez de filles bientôt ?) et apports américains de modernité jamais trop kitch, ce magnifique Noir penché et soudain redressé, perplexe, la gynéco en écoute active, sans leçon de morale, comme une mère aimante. Ce cinéaste avoue implicitement qu'il a pris aussi ce que l'Amérique a de bon ! Voilà une réflexion très indirecte sur la nouvelle jeunesse chinoise en refus du passé, attirée par le piège matérialiste occidental, dépendance totale du gadget-portable, ça peut hérisser... Mais à y regarder de plus près : un coup de gomme magistral des racines, Tien An Men ignoré, Confucius aboli... Pour boucler, la jeune fille semble une boussole apprenant à chanter, elle est éclairée davantage du côté droit. Wayne Wang suggère toujours, par touches délicates, avec plusieurs lectures possibles, pour ma part, j'ai bien aimé cette suite de non-dits.