Aucun résultat pour cette recherche
LA QUESTION HUMAINE-2007-
Nationalité : France
Durée : 2h24
Date de sortie en France : 12/09/2007
Themes
Psy(chologue-chiatre)
- cinéma français -
Nazisme
- cinéma français -
Réalisation : Nicolas KLOTZ
Inspiration : D'après un roman de François EMMANUEL
Prise de vues : Josée DESHAIES
Musique : Syd MATTERS
Cascades : Daniel VÉRITÉ
Distributeur : Sophie Dulac Distribution
Visa d'exp. : 113621
Résumé
Comment une simple enquête interne, opéré par le psychologue maison d'un grand groupe pétro-chimique allemand, va réveiller tout un passé trouble remontant à la Seconde Guerre Mondiale.
Critique
Ajouter Votre
Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
Auteurs engagés, Nicolas Klotz, et Elisabeth Perceval ont réalisé précédemment Paria en 2000 et La Blessure en 2004. Paria n’a pas connu le succès public qu’il méritait. Ces films pourtant sont plus que jamais d’actualité. Nous souhaitons que La Question humaine trouve ses spectateurs. Avec ce nouveau film, Nicolas Klotz continue d’interroger avec pertinence notre société actuelle au regard de l’Histoire et précisément de la Seconde Guerre Mondiale.
"La Question humaine" est d’abord un livre de François Emmanuel, paru en 2000 (éditions Stock). Ce récit a touché Nicolas Klotz au cœur, le renvoyant à ses propres questionnements et à son histoire familiale. Ce dernier film s’inscrit dans une trilogie : « Tandis que Paria et La Blessure travaillaient sur l’empathie avec des personnages qui sont évacués de la machine ou avec d’autres venus d’Afrique pour tenter de s’y intégrer ; La Question humaine est un film plus troublé et d’une certaine manière plus troublant parce qu’il s’interroge sur « nous », sur ceux qui font marcher la machine. » Aussi, lorsque son directeur confie à Simon une enquête sur l’un des dirigeants de l’usine de pétrochimie, Simon perd peu à peu ses certitudes et son assurance devant ce qu’il découvre. Simon travaille comme psychologue au département des ressources humaines. Ce sont des hommes comme lui qui décident de la compétence et de la santé de l’état mental des employés. Ce sont d’eux que dépendent les restructurations et les licenciements pour la bonne marche de l’entreprise. Comme un bon petit soldat, un technicien professionnel, Simon exécute les ordres et mène l’enquête avec méthode. Le film fait froid dans le dos. Il montre ces jeunes cadres dont Simon fait partie, beaux et bien mis, chacun avec sa tache impartie, servir la machine libérale avec fougue et énergie avec la conscience d’être en constante concurrence et toujours sur la sellette : « On ressent une rivalité dans la représentation ; comment s’habiller, parler, bouger, tout ça avec une jouissance aiguë de séduire, d’être performant, compétitif. Entre collègues, cet état d’excitation produit de multiples rites d’humiliation, de rapprochements, de rejets. Tout cela formate du même, de l’identique, mais comme une masse qui s’aimerait et se détesterait à l’intérieur d’elle-même. » A l’instar de ses collègues, Simon participe à des raves et pratique des bizutages dont tous connaissent les règles : ne jamais céder à la sentimentalité. Or, voilà que son sous-directeur sur lequel il doit faire son enquête, souffre d’une profonde dépression. Il est habité par la tristesse. Il apprendra à Simon que son père faisait partie du rouage de la machine nazie. Peu à peu, Simon devient malade de l’Histoire. Il découvre l’horreur du système en lisant des rapports rédigés sur l’extermination des juifs ; la réalité des faits est masquée, édulcorée au travers de ces mots qu’il ne connaît que trop bien et qui appartiennent au champ lexical de l’économie libérale.
On appréciera la construction de ce film, sa forme, son jeu sur l’espace et sur la lumière. En ce sens, la fin du film est surprenante mais elle s’impose comme telle, absolument. Quant au casting, il n’aurait su être plus judicieux. Simon est incarné par Mathieu Amalric qui, décidément, est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Séquences d’une force admirable que celles les réunissant lui et Michael Lonsdale, bouleversant ! Quant à Jean-Pierre Kalfon, dans le rôle du directeur de l’usine, « il est une lame de rasoir. Elle coupe mais c’est tellement fin et tranchant, qu’on ne saigne qu’une heure après. Il est absolument net et précis. Il jubile de ce pouvoir décisif qu’il détient, une jouissance de sang-froid quasiment sexuelle. » Et Lou Castel avec lequel se clôt le film, rappelle qu’il fait partie des grands. Il fallait des comédiens de leur envergure pour soutenir ce film philosophique difficile mais qui nous hante longtemps. (Son site : Ecrivain de votre vie)