Une oeuvre détestable. Pour commencer, un Daniel Auteuil qui surjoue pesamment, pire qu'un lamentable Mickey Rourke au plus bas de sa carrière, avec son lourd pathos imbibé et sa mine déconfite et laminée. Les autres acteurs ne sont guère plus convaincants, chargés comme des baudets sentencieux, avec leurs stupides répliques emphatiques et pontifiantes, toujours hautement inspirées, distillées en courtes phrases définitives, regards de circonstance, appuyés et pénétrants. Du genre : "Le malheur s'installe et vous regarde souffrir" "La vérité d'un flic n'est pas forcément la meilleure vérité" "Il y a juste un hommé brisé que l'on est en train d'enterrer vivant". Passons. En ce qui concerne la construction scénaristique du récit (d'après un fait divers authentique, paraît-il) on ne peut que noter l'extrême ténuité entre les deux intrigues accolées vaille que vaille pour former un semblant d'histoire, entre fragiles agglomérats mélodramatiques et véracité plus que discutable. Que dire aussi des nombreux retours en arrière (pas loin d'une dizaine) qui ponctuent et alourdissent avec insistance une dramaturgie bien douteuse, prenant le spectateur lambda pour un parfait imbécile, foncièrement insensible, qui ne comprend rien à la "terrible perdition" de nos deux héros malmené par un sournois destin. Et cerise sur le gâteau, en mauvais final shakespearien, tout juste digne d'une "leloucherie" de bas étage, un massacre purificateur, ponctué d'une naissance rédemptrice. En fait, le style viril et puéril, made "Olivier Marchal" amplifié ici jusqu'à l'outrance et l'écoeurement.