Aucun résultat pour cette recherche
CHOUGA-2007-
Réalisation : Darezhahn OMIRBAYEV
Prise de vues : Boris TROSHEV
Musique : Olivier DANDRE
Distributeur : Accatone Distribution
Visa d'exp. : 116649
Résumé
Jeune étudiant en cinéma, Tieguen s'en vient offrir un bouquet de fleurs à la gentille Altynaï qui lui préfère le décontracté et fortuné Ablaï, exerçant le lucratif métier de banquier. Un jour, ce dernier croise dans le train l'attirante Chouga, venu consoler et raisonner sa belle-soeur Togian, malheureuse en amour. Il se sent fort subjugué par la splendide créature qu'il revoit à l'opéra en compagnie de son mari, le rigide député Izbarassov qu'elle finira par quitter pour rejoindre le fringant séducteur. Commence une perturbante liaison, avec un court séjour dans la capitale française et le perpétuel regret de la jeune femme d'avoir laissé son enfant de sept ans, prénommé Amir, à son époux. Alors que Tieguen finit par épouser Altynaï remise de sa peine, Chouga est de plus en plus déçue par son compagnon qui passe son temps à boire et à jouer aux cartes. De désespoir en culpabilité, la jeune femme finira par se jeter sous un train.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 14/20
Libre adaptation du célèbre roman de Léon Tolstoï, "Anna Karénine", maintes fois adapté au cinéma, cette oeuvre hiératique et sophistiquée met en relief les subtils clivages sociétaux entre les tenants de la traditionnelle capitale du pays, Almaty, (anciennement Alma-Ata) une cité historique, parlant essentiellement kazakh, avec les résidents d'Altana, la nouvelle capitale, moderne et administrative et politique, où prédomine largement la langue russe. Certains thuriféraires du metteur en scène, au vu de ses réalisations antérieures, risquent d'être plutôt décontenancés par les orientations narratives de plus en plus elliptiques de Darezhahn Omirbaev qui semble avoir trouvé dans l'actrice Tourgambaeva, sa nouvelle égérie.
Ajouter Votre
Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
Note : 18/20
Vu en 2007 au Festival des Trois Continents nantais en v.o. sous-titrée. Le genre de regard qui accroche : très personnel, à énigmes constantes (le voisin de siège dans la salle peut interpréter différemment de soi, comme une poésie). Et pourtant, cette histoire librement inspirée du roman de Tolstoï "Anna Karénine" s'avère simple si on y repense, juste brumeuse dans la manière de planter le décor et de ne pas boucler les situations. Aucune longueur interminable ici, l'économie de dialogues (ils suffisent amplement) est compensée par les délices de l'image et du son. Que ces gens apparaissent réservés, un brin traqués, on est à l'Est où c'est monnaie courante... Il filtre un petit filet de chaleur diffuse, dans les intérieurs, les couleurs des vêtements de Chuga, ou l'arrêt sur une plante à différents stades de sa floraison pour indiquer un laps de temps, de quoi fournir la certitude que le coeur bat à l'intérieur de ces êtres un peu statiques. En voyant ces gosses postés devant la télé, on intègre que le matérialisme règne en maître par fatalité à Astana, grande ville du Kazakhstan, un pays détaché du bloc soviétique... Première image : un jeune garçon arrivant de loin à vélo, pour pêcher, zoom sur le bouchon... Le même, adulte, ensuite chez lui, déprimé, puis si gauche avec son bouquet de fleurs face à un concurrent. Il faut accepter de se laisser embarquer avec ces bribes. Et, petit à petit, l'intérêt du spectateur grandit. Voici la somptueuse Chouga (le côté racé de l'Orientale Nadine Labaki et un peu le jeu de Romy Schneider quand elle simulait l'indifférence), elle semble invincible, faisant partie de la haute société, et réputée "très intelligente", on la croirait solide comme un roc sans cette inquiétude dans le regard... Darejan Ormibaev sait intriguer, en rendant les atmosphères équivoques, tenir en haleine par une alchimie des couleurs, d'excellents cadrages, que ce soit cette scène nocturne bleutée avant que Chouga, encore maîtresse d'elle-même, monte dans le train, ou ce plan-séquence résumant la rencontre de deux hommes dans un rétroviseur (un "oeil" qui rappellerait Nuri Bilge Ceylan dans "Les climats"). Il a aussi une façon divine de filmer la neige à gros flocons, ou de fermer des portes successives pour exprimer un constat... Beaucoup d'idée, du goût, sans jamais devenir maniéré. L'insistance sur le train, en vrai ou en jouet ne lasse pas de tourmenter... Les personnages secondaires sont tous diablement efficaces, ces deux jeunes prétendants mis en balance en jouant sur l'effet de surprise du spectateur, ce père s'avouant volage devant sa progéniture, la mère d'un stoïcisme presque inhumain, cette autre fille, plus jeune, enceinte et qui avorte : là aussi il est permis de tout supposer, jusqu'à l'inceste même, puisqu'on n'a pas de "clé"... Rien de sûr jamais, et pourtant pas le malaise du doute non plus, la tristesse est transcendée par une petite note astrologique, franchement, j'ai adoré !