Résumé
Fatih Akin. Retenez bien ce nom ! Voilà un cinéaste allemand, d’origine turque, né à Hambourg (25/08/1973) sur lequel il va falloir compter dans les prochaines années. Premier long métrage en 1998 "L’engrenage" -drame de la délinquance- : première récompense internationale (Léopard de Bronze à Locarno). En 2000, bifurcation vers la comédie sentimentale avec "Julie en juillet". 2002 : "Solino " : enfance, émigration et cinéma, une émouvante comédie à caractère autobiographique. 2003 : le choc "Head-on" : une oeuvre époustouflante, deux comédiens détonants. 2005 : un documentaire musical tourné à Istanbul : "Crossing the bridge". Aujourd’hui à l’affiche : "De l’autre coté", second opus d’une trilogie sur l’amour, la mort et le mal, pour une réalisation magnifique et dense s’articulant aussi, selon un triptyque imparable...
1) La mort de Yeter : malgré la ferme et pourtant cordiale désapprobation de son fils Nejat, sympathique professeur de littérature allemande en faculté, le taciturne et plutôt rugueux Ali Aksu, veuf quinquagénaire d'origine turque, vivant à Brême dans le nord de l'Allemagne, est bien décidé à se mettre en ménage avec une avenante prostituée prénommée Yeter qui, menacée par quelques fâchés et fâcheux intégristes, veut résolument quitter le milieu et le trottoir. La mort "accidentelle" de cette dernière, (après une violente claque avinée de son nouveau compagnon) qui envoyait la majeure partie des revenues de son charnel commerce en Turquie, afin de contribuer aux études supérieures de sa fille Ayten, éloigne durablement le père de son fils qui se rendra dans la grande mégalopole d’Istanbul afin de retrouver les traces de la demoiselle, une opiniâtre et sagace jeune femme engagée dans un activisme politique radical, en lutte contre le pouvoir étatique de son pays. Ce qu’il ignore encore, c’est que la remuante Ayten, traquée par l'efficace police stanbouliote, a quitté le pays pour se rendre furtivement en Allemagne, à la recherche de sa mère, censée travailler comme vendeuse dans un magasin de chaussures du centre-ville...
2) La mort de Lotte : En effet, Ayten, obligée de sortir rapidement du pays, après avoir récupéré fortuitement une arme à feu ( qu’elle dissimule sur la terrasse d’un anonyme immeuble de la grande mégalopole) lors d'une manifestation pour la libération du leader kurde Abdullah Öcalan, arrive sous un faux nom à Hambourg. A l’université, où elle cherche un hébergement, une collation, après une rageuse dispute avec des compatriotes qui devaient la prendre en charge, elle fait la connaissance de la pétulante Charlotte Staub, alias Lotte. En un rien de temps, une tendre complicité s’installe entre les deux filles, malgré une légère désapprobation de Susanne, la mère de Charlotte, un peu préoccupée de l'engagement politique de la belle égérie. Un inopiné et nocturne contrôle de police provoque le renvoi d’Ayten en Turquie et son emprisonnement immédiat dès son rapatriement. Lors d’une visite en prison, Charlotte qui a rejoint Istanbul pour être proche de sa bien-aimée, est sollicitée discrètement par cette dernière pour récupérer le fameux pistolet. L'imprévu et délinquant vol de son sac à main contenant l’arme fatidique, par quelques gamins des rues, se terminera brutalement dans un sordide terrain vague...
3) De l’autre côté : profondément blessé par le violent comportement machiste de son paternel qui écope en passant d'une conséquente peine de prison, Nejat rejoint en Turquie la famille de Yeter, pour le tragique enterrement de cette dernière, mais aussi pour tenter de retrouver sa fille dont tout le monde est sans nouvelle. Affichettes multiples près des lieux de passage, nombreux placards disséminés dans les quartiers de la ville, rien n'y fait. Parallèlement, il trouve un emploi opportun comme gérant d’une petite librairie germanique, tenue par un Allemand pure souche et désirant vivement retourner au pays (Heimweh und Sehnsucht) et se retrouve, par une étrange coïncidence à loger provisoirement Lotte en recherche d'un hébergement, dans la cruelle attente de l'incertaine libération de son amie turque incarcérée. Après le meurtre de la jeune fille, il fera tout naturellement connaissance avec Susanne, sa mère, venue sur les derniers lieux de vie de son enfant, se recueillir et proposer, dans la mesure de son possible, un indispensable soutien à Ayten toujours en prison.