Dans un coin obscur d'une antique pagode chinoise existe un vase précieux, dont les débris épars s'ornent de dessins fantastiques. Mais dès qu'un rayon de lune argente ces vestiges d'une époque disparue, les personnages se racontent la vieille légende des yeux du dragon. Le vase était autrefois tout un monde, avec des fleurs, des animaux et des hommes qui y vivaient. A peine les premiers feux de la divine aurore eurent-ils nimbé son front que la princesse Hadjuin-Li sortit de son palais d'argent. Tour à tour, au son de mystérieuses clochettes, elle éveilla les fleurs et les oiseaux. Alors le prince Tchao-Sin quitta son palais d'or. Et l'amour chanta dans le cœur des enfants royaux, sa première chanson. Le prince Lao-Tchang, le Mécontent, aime la princesse, exigeant qu'on lui porte son hommage et finira par se battre avec le bien-aimé de la demoiselle. Les deux amants vont connaître moult aventures sur le chemin allant au Pays du Bonheur, toujours poursuivi par l'irascible Mécontent. Le dragon millénaire, sorti de son antre, contempla ce bonheur et de rage s'arracha les yeux qui se transformèrent en deux magnifiques diamants. Là où tombent les éclairs de ces funestes pierres précieuses, la vie se pétrifie. La princesse en fut victime. Et le soleil ne brilla plus que sur un paradis désert. Telle est la légende des Yeux du Dragon que racontaient autrefois les petits Célestes à ceux qui savaient encore les écouter.

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