Passé un moment délicieux à visionner ce chef-d'œuvre illustrant le quotidien soviétique des années vingt (1924, mais ça ne fait pas poussiéreux du tout). En supposant que les salariés russes de ce temps-là jouissaient de vivre l'instant, boulot pour tous, si on est viré on trouve tout de suite une solution de rechange. Mais était-ce ainsi ?... Ou les crève-la-faim sont-ils cachés ?... En tous cas, on nage ici dans la bonne humeur. Tous les travers de l'homme de la rue passés au crible mine de rien, luttes de pouvoir sur fond d'obsessions sentimentales diversement menées : une grande ville à la belle saison, du mouvement, le sang se réchauffe. Les personnages se risquent, mais aux moments périlleux, repli dans le raisonnable. Techniquement facile à suivre, images et commentaires très clairs. De plus, une étonnante bande sonore, rajoutée lors de la restauration de l'ensemble et qui fait archi-contemporain : piano, guitares jazzy, balalaïka romantique, un délice plaqué sur la narration. C'est assez grouillant, mais nulle fatigue, au contraire... Remarquable petite marchande à képi (visage méridional plus que slave), sois remerciée des remous que tu crées... Des scènes croustillantes (le non fumeur qui étouffe), malice de ce clin d'oeil "est-ouest" (l'Américain fort de son paiement en dollars, la traduction à l'avantage de l'interprète amoureux). Comme facture générale et comme comique, c'est comparable à un autre bijou russe concernant une vendeuse de chapeaux...*** Deux cadeaux inestimables à faire en dvd à vos amis cinéphiles ! *** NDLR :
"La jeune fille au carton à chapeau" de Boris Barnet