Après des films comme "Fight Club" et "Panic Room", on s'attend, en allant voir le nouveau film de David Fincher à quelque chose de techniquement très poussé, ludique et démonstratif. Il n'en est pourtant rien. L'auteur n'y laisse effectivement aucune patte de clippeur comme à son habitude, n'essayant aucune manipulation du récit ou de l'image. L'esthétique n'y est pas non plus mise en avant comme à son habitude, mais ici sobre, subtile et élégante, à l'image du cinquième film de son auteur."Zodiac" est un film modèle, d'une grande maîtrise, sans artifice. Certaines personnes le disent long, parfois ennuyeux. Si les scènes peuvent paraître longues, elles ne font ici que suivre le parcours de trois hommes, trois enquêteurs (un journaliste, un détective de la criminelle et un dessinateur pris par l'affaire) sur les traces du tueur de San Fransisco dans une enquête qui dure plus de vingt ans. Le dénouement de l'enquête n'est d'ailleurs pas un enjeu majeur du film par rapport au cheminement et la manière dont chacun fait son deuil face à cette enquête. C'est l'obsession de ces trois hommes qui est véritablement au coeur du récit. Pas de poursuites, pas d'arrestation héroïque, aucun faux semblant sur une prétendue arrestation. Un retour aux sources du cinéma d'investigation (on pense aux "Hommes du président") comme on en avait pas vu depuis longtemps. Fincher démontre donc ici que même dans la sobriété, il parvient à briller.