Bertrand Blier, tout particulièrement dans ce film, est bien le fils de son père, grinçant de tous ses gonds, avec ce kidnapping improbable, mais tellement bien amené... Ici, il est toujours question du désir éprouvé par l'homme (hétéro), cette perpétuelle usine à fantasmes féminins. Le gars quelconque qui va oser le grand jeu parce que ça fait un bout de temps qu'il est fasciné par une icône (Bellucci) et se dit qu'il doit se foutre à l'eau... Personnellement, j'ai bien ri, sur ces envolées d'opéra aux moments les plus truculents, ou bien cette ritournelle classique du grand Chopin qui donne une note très romantique ... Depardieu, cette baraque, a dû aussi beaucoup s'amuser, il offre là de très bons gags, seuls les vraiment très coincés devraient le bouder. Campan dans un registre inédit, et une tirade de Daroussin, grandiose, l'apport d'un revers tragique dans cette course à décrocher la timbale. Légèreté de l'excellente petite Sara Forestier, échappée de son trop habituel registre banlieusard. Peut-être une petite faiblesse dans l'hystérie de Monica Bellucci, sa façon de prononcer le mot "manteau" jette un froid, mais comme sa plastique est admirablement mise en avant, ça passe, elle est comme sacralisée, loin de l'horizontale peinturlurée à porte-jarretelles... Un ensemble caustique à souhait, on arriverait presque à admettre l'horrible sentence "toute femme (attitrée d'un compagnon) est toujours femme et aussi "un peu pute", hum !... Une boutade qui cacherait ici, au contraire, une forme de vénération doublée d'une interdépendance séculaire qui va de soi. Jolis échanges verbaux, la vulgarité passée du cinéaste semble désamorcée, le temps où il poussait un peu trop le bouchon, créant une vraie dégringolade juste après des scènes sublimes. L'ensemble reste déjanté en permanence, à ne pas trop prendre à la lettre par les spectateurs réservés. Le mérite est de laisser chacun et chacune penser au besoin instinctif de "l'autre", différent de soi, périlleux, jamais acquis mais qui change un peu de s'occuper encore et toujours de sa propre gueule !