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BRODEUSES-2004-
Nationalité : France
Durée : 1h28
Date de sortie en France : 13/10/2004
Récompenses
Grand Prix de la Semaine de la Critique, Cannes 2004 ex-aequo avec "Mon trésor" de Keren Yedaya
Distributeur : Pyramide
Visa d'exp. : 99191
Résumé
Claire Moutiers, dix-sept ans, enceinte, est bien décidée à accoucher sous X, cachant son état à son environnement en trouvant un travail dans un petit atelier de broderie.
Critique
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Très joli premier film sur la création, Brodeuses a obtenu le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes. Lola Naymark, déjà remarquée dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, prête sa chevelure rousse flamboyante à Claire son personnage de brodeuse et c’est à un feu d’artifice des sens que ce film nous convie. Elle roule sur sa mobylette à travers la campagne, le visage fermé et volontaire, pour se rendre sans joie au supermarché où elle travaille comme caissière. Son ventre s’arrondit et elle le camoufle sous les épaisseurs de ses pulls. Elle n’a que 17 ans et elle s’est aperçue trop tard de sa grossesse pour avorter. Heureusement, elle a une passion : la broderie. Mais pas la broderie de grand-mère faite de fleurettes sur napperon. Troc de choux contre peau de lapins... Elle se fournit en fourrures sur lesquelles elle coud des arabesques étonnantes de perles. Elle fera aussi une étole de soie brodée de rondelles de plomberie. Cette association de la matière brute avec le raffinement va séduire Madame Mélikian qui a embauché Claire lorsque la jeune fille a pris un congé maladie pour échapper aux regards. Cette dame est brodeuse professionnelle et travaille pour des grands couturiers parisiens. Le film prend son épaisseur avec le face à face de ces deux femmes. Ariane Ascaride a délaissé ses rôles de marseillaise bonne vivante pour jouer ici une mère orpheline depuis peu de son grand fils, mort dans un accident. Vêtue de noir, elle a tout d’une grande tragédienne, en douleur contenue. Aussi brune et ténébreuse que Claire irradie de lumière (on pensera à Vermeer et à sa demoiselle au turban bleu), c’est à la rencontre de la nuit et du jour que nous assistons, à celle de la lune et du soleil associés dans l’art de la broderie et déroulant devant nous un voile qui évoque la voie lactée. Puis elles brodent des roses rouges et des fleurs pour une robe de Christian Lacroix, et la création de la terre s’ébauche sous nos yeux. Ce film est un bonheur pour les sens, par son jeu des matières, des couleurs et de la lumière. Mais c’est aussi de l’éveil de Claire à la sensualité dont il est question, directement liée à l’acceptation de la maternité. Lorsqu’elle apprend sa grossesse, elle décide qu’elle accouchera sous X. Mais face à Mme Mélikian qui a perdu son fils, prête à mourir désormais, Claire grandit. Ce film allie de manière originale la sensualité à la grossesse. Tandis qu’elle s’épanouit dans sa passion de la broderie, Claire accepte sa maternité. Elle délaisse ses vêtements informes et se moule dans des robes au décolleté affriolant. Et parce que le désir sexuel est exacerbé, elle va, sans états d’âme, s’abandonner dans les bras d’un jeune homme dont elle est certes amoureuse mais qui s’apprête à partir pour quelques années. Ils s’embrassent dans un champ de blé baigné par le soleil... C’est l’appétit de vivre de Claire, neuf et absolu, en symbiose avec la Mère nature, qui est fêté. Dans Brodeuses, l’idée s’impose que, décidément, ce sont les femmes qui détiennent le secret de la Création. (Son site : Ecrivain de votre vie)
Bibliographie