Ce nouveau film de Jarmo Lampela (on avait pu voir La rivière l'an passé) est décevant. Un sujet d'actualité qui pose des problèmes sociaux (privatisations, recul des droits) méritait mieux que cet ensemble de personnages trop typés, trop attendus, en un mot trop caricaturaux. Il est parfaitement prévisible que la jeune cadre trahira. Les grévistes syndiqués font preuve d'un esprit borné exagéré. Le fils, Mikka, est un voyou typique. Le compagnon, Timo, est un égoïste incapable de prononcer le moindre mot de soutien à Eila : il semble se désintéresser du sort de celle-ci ! L'avocat travaille dans un cabinet luxueux, fume de gros cigares, mais se plaint tout de même de ne pas avoir de secrétaire. Tandis que sa mère est l'exemple même de l'employeur à l'ancienne, paternaliste (maternaliste) au possible, faisant cadeau d'une broche de valeur à Eila, mais omettant de lui signaler qu'elle s'en va et que les heures de ménage de la nouvelle chômeuse ne seront plus nécessaires. Tout est affaire de nuances. Ce film en est dépourvu : un jeune cadre est arriviste et écrase les plus faibles, un syndiqué est borné, Mikka est une crapule, Timo est un "beauf", un avocat fume le cigare, une vieille dame riche choie ses domestiques dans une certaine mesure, une salariée qui gagne son procès s'achète un lit à télécommande avec ses indemnités… À tous ces présupposés, je peux citer des contre-exemples. De la nuance ! Et puis, au fond, le film nous enseigne que l'action collective échoue et que le salut vient de l'individualisme : Eila sauve la situation. Ce film est bien dans l'air du temps, mais il ne le dénonce pas, il en remet une couche.