Il avait réalisé en 2001 Filles perdues, cheveux gras, une comédie qui avait surpris par son mélange des genres et par sa fantaisie. Déjà, Marina Foïs, découverte avec les Robins des bois, proposait son jeu particulier. Elle s’est imposée comme une comédienne avec laquelle le cinéma français doit désormais compter. Avec Bienvenue au gîte, elle et Claude Duty se sont de nouveau accordés. Elle a comme partenaire Philippe Harel qui a laissé un temps le tournage de Tristan pour faire l’acteur. Une réussite de drôlerie.
Ce film a été présenté en avant première, dans le cadre de Ciné Cool, rendez-vous annuel des cinéphiles ravis de se refaire une santé, dans l’obscurité des salles après la canicule. Cet été pourtant, pas de quoi faire trop grise mine entre l’honorable Coût de la vie, les déjantés Pirates des Caraïbes et des rétrospectives respectables... Bienvenue au gîte inaugure sur un ton plein d’humour cette nouvelle saison cinématographique. Sur le thème des citadins agités qui opèrent un retour aux sources à la campagne, le film de Claude Duty s’inscrit dans une tendance (on pense au bien moins réussi Une hirondelle a fait le printemps). Derrière cette envie de renouer avec les joies simples de la nature, un malaise. Caroline et Bertrand sentent bien que leur couple a besoin d’autres horizons pour s’épanouir. Ils quittent Paris et débarquent en Provence où ils ont racheté le gîte de leur copine Sophie, une baba cool qui a su marquer là ses goûts ethniques et kitchs. Or, Sophie est partie sur un coup de tête amoureux et les voilà dans ce gîte qui est un bonheur pour les scouts et les randonneurs qui se couchent avec les poules mais se lèvent aussi avec elles. Sophie leur a caché que dans le même village, ils ont un gîte concurrent où tout est luxe calme et volupté, version gay. Claude Duty s’attache à suivre ses personnages dans des scènes très réussies comme celle du rafting avec un Philippe Harel à contre emploi. Marina Foïs, elle, refait la déco du gîte et se donne pour objectif de réhabiliter le village en remettant au goût du jour une vieille fête à l’ambiance moyenâgeuse. Le naturel de la jeune cadre dynamique parisienne va reprendre le dessus, au grand dam des villageois qui ne comprennent pas son souci de perfection despotique. Bertrand non plus ne la comprend pas, lui qui se prend d’une véritable passion pour les oliviers et qui ne se verrait plus quitter cette Provence où il se sent enfin en harmonie. C’est en cela que Bienvenue au gîte n’est pas qu’une comédie. Le couple ne va pas mieux parce qu’il est allé vivre ailleurs et qu’il a tourné la page. En revanche, il a trouvé la meilleure manière de fonctionner. La fin du film est édifiante. Bienvenue au gîte est un film sympathique et servi par des acteurs au mieux de leur forme. On saluera ainsi la présence de Bulle Ogier en maire éthérée, Julie Depardieu au jeu toujours décalé et désopilant et Annie Gregorio, à toute épreuve, avec un sens talentueux du comique.
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Son site : Ecrivain de votre vie)