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DOGVILLE-2003-
Nationalités : Danemark / Suède / Grande-Bretagne / Allemagne / Pays-Bas
Titre VO : Dogville
Durée : 2h58
Date de sortie en France : 21/05/2003
Genre : DRAME
Réalisation : Lars VON TRIER
Scénario : Lars VON TRIER
Prise de vues : Anthony DOD MANTLE
Musique : Anders VALBRO
Chanson : David BOWIE
Distributeur : Les Films du Losange
Visa d'exp. : 104592
Résumé
Dogville est un petit village des États-Unis perdu au bord d’un ravin et à proximité de montagnes, sur le site d’une ancienne mine. Une seule route y mène. Les gens qui y habitent vivent assez chichement. Le film a pour cadre la crise des années 30. Tom, un écrivain raté, se charge de regrouper les habitants pour les entretenir de questions morales qu’il illustre par le quotidien. Un évangéliste en quelque sorte bien qu’il n’ait d’autre statut que celui d’intellectuel à qui l’on se remet. Il est le fils du médecin, hypocondriaque, qui n’est plus en exercice. Dans ce village vivent quelques familles : l’une vit du polissage de verres afin de leur rendre un aspect neuf ; une autre est composée d’un père agriculteur acariâtre et d’une mère qui assure l’éducation de leurs nombreux enfants ; un chauffeur de camion, un peu demeuré, assure le ravitaillement du village et emporte les produits – pommes, verres polis, etc. – à la ville où il peut fréquenter les prostituées ; une femme seule élève son enfant handicapée ; un aveugle reste terré chez lui pour cacher sa cécité aux autres… Alerté dans la journée par des coups de feu entendus au loin, Tom recueille Grace le soir, après avoir détourné ses poursuivants. Il voit dans l’arrivée de cette fugitive dont il ne sait rien l’occasion de mettre à l’épreuve les habitants du village auxquels il reproche leur individualisme, leur absence d’entraide désintéressée. Le lendemain matin, il propose aux villageois de recueillir et protéger Grace sans poser de questions sur les raisons de sa venue. Elle est acceptée « à l’essai » pour une semaine. D’ici là, elle devra se faire apprécier. Elle tente d’y parvenir en faisant preuve d’un dévouement à toute épreuve, se partageant entre chaque villageois. La semaine écoulée, elle est finalement invitée à rester. Le village est transformé par sa présence. Pour les habitants, elle est une bénédiction. Le temps passe sans problèmes, jusqu’à ce que la police vienne pour afficher un avis de recherche. Un premier placard avait été apposé sur les murs du village mais il mentionnait une simple disparition. Cette fois-ci, l’avis offre une récompense pour la capture de la fugitive qui aurait commis un meurtre. Les villageois se rendent finalement compte que la présence de Grace peut leur faire encourir des risques devant la justice. Jusqu’alors, ils n’avaient pas trop cherché à connaître le passé de la femme. Ils y trouvaient leur compte. Leur attitude se met peu à peu à changer, la peur des problèmes qui s’annoncent les fait devenir agressifs envers Grace. Ainsi chacune de ses erreurs lui est-elle durement reprochée, l’organisation de ses « services », selon des horaires et un salaire précis répartis entre chaque famille, pour la satisfaction de toutes, est revue et durcie. La cadence devient celle d’un travail pénible, il n’est plus question de services entre amis. La situation devient invivable au point que Grace tente de s’enfuir. D’autant plus qu’au travail s’ajoutent les brimades, les insultes, le mépris, le viol, etc. Elle devient l’esclave pour tout travail, pour tout homme qui veut satisfaire ses désirs. Sa tentative d’évasion est un échec. Le chauffeur, qui se paie au passage, la ramène au village. Là, elle est enchaînée avec un collier à clochettes. Au bout de la chaîne, on fixe une lourde roue métallique pour entraver ses mouvements. Jusqu’alors, Grace pouvait compter sur le soutien de Tom. Ils sont amoureux l’un de l’autre. Peu à peu, celui-ci dévoile ses défauts et comprend mal pourquoi il est le seul à ne pas avoir couché avec elle. Finalement, il se désintéresse d’elle et finit par téléphoner aux mystérieux poursuivants du premier soir qui avaient laissé leur contact. Ceux-ci arrivent et libèrent Grace. Il se trouve qu’elle est la fille du gangster qui se trouve dans la voiture. Elle s’était enfuie car la vie malhonnête de son père ne lui convenait pas. Après une explication entre eux deux où chacun reproche à l’autre son arrogance, Grace, encore déçue par les villageois, retourne vers son père et décide de faire raser le village et d’en tuer tous les habitants. Elle exécutera Tom elle-même.
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Critiques - Commentaires Public
J’ai essayé de raconter les grandes lignes de ce film de trois heures. La forme employée est intéressante. Il n’y a pas de décors, seuls les murs des maisons sont dessinés au sol. De ce fait, tous les acteurs sont visibles à tout moment, ils miment les gestes, des bruitages indiquent les fermetures de portes, etc. En fermant les yeux, on pourrait se croire à l’écoute d’une pièce radiophonique. Mais l’intérêt de ce dispositif est que le jeu des acteurs devient le point central, voire unique, du film. L’acteur / le personnage comme sujet du film ? Malheureusement, le pari ne me semble pas tenu par les comédiens malgré un casting prestigieux. On peut voir aussi dans cette absence de décor une transposition du regard des villageois, de ces petits villages où l’on voit tout, où l’on sait tout. Voilà pour la forme : du théâtre filmé en quelque sorte. Une démarche qui n’était pas inintéressante. Mais au fond ? Que raconte ce film ? Eh bien, il présente la veulerie, la bassesse, l’intérêt personnel, la lâcheté, la concupiscence, etc. des villageois comme des sentiments qui de toute façon devaient dominer. La présence et l’acceptation de Grace semblaient effacer la culpabilité de la communauté face aux reproches d’égoïsme de la part de Tom. Et lui voit là l’occasion de mettre en pratique sa théorie. Grace aussi est minée par la culpabilité : elle tente de racheter les crimes de son père. Cet ange tombé du ciel symbolise la pureté pour les villageois ; ils font tout au moins mine d’y croire. Qu’un doute s’insinue quant à cette pureté et tout est permis : on la fait trimer, on la traite comme un chien (c’est beaucoup trop explicite d’ailleurs), on la viole, etc. L’attitude de Tom est symptomatique de cette évolution : à ses yeux, Grace passe de la pureté à la déchéance. C’est alors que le personnage de Tom révèle sa nature véritable : il est lâche et trahit. Pour ne plus faire courir de risques aux villageois, il livre Grace à ceux qui la recherchent. Celle-ci, par vengeance, fait tuer tout le monde. Ainsi, pour Lars von Trier, il n’y aurait pas d’autre choix : être un saint ou un bourreau ? Avec un passage par le martyre, comme il se doit. L’Homme est un chien pour l’Homme ? Dans le village de Dogville, seul le chien survit à l’hécatombe (i.e. : l’innocence survit à la faute généralisée ?) Mais quelle vision de l’humanité a Lars von Trier ? Hors de la sainteté, point de salut ? Le message délivré par ce film est atterrant, et je le résumerai un peu rapidement ainsi : si vous n’êtes pas des saints, c’est que vous ne méritez pas de vivre, donc mourez tous ! Les photos du générique de fin qui présentent des pauvres des États-Unis à diverses époques ajoutent au malaise. Une photo a très certainement inspiré le personnage du camionneur tant la ressemblance est frappante. Que viennent faire ces photos en fin de film ? On pourra y voir, la larme à l’œil, le côté charitable et compatissant de Lars von Trier. Mais comme ces photos défilent juste après le massacre, en un raccourci indépendant de ma volonté, j’ai pensé : pour Lars von Trier, les pauvres (les villageois), c’est moche, c’est bête, c’est méchant, ça pèche, c’est irrécupérable alors massacrons-les. Terminer une projection avec ce genre d’impression montre à quel point j’exècre ce film. Lars von Trier y aura été incapable de montrer de la sympathie pour ses personnages (ce qui les condamnait d’avance). Il leur laissait pourtant un terrain d’expérimentation très intéressant pour qu’ils puissent s’exprimer. Comme dans Breaking the waves et Dancer in the dark, plus le film avance, plus le ratage est complet. Dans ces trois films, l’apothéose de l’échec se situe à la dernière scène. Lars von Trier a souvent de bonnes idées de cinéma qu’il gâche toujours tel un enfant qui prend plaisir à détruire son château de sable à peine terminé.
Bibliographie