La coquette ville de Zermatt, dans le Valais suisse, est entourée de quelques puissants massifs alpins dépassant tous allègrement les impressionnants quatre mille mètres d'altitude, avec le corpulent Breithorn (4164 mètres) et ses cinq sommets principaux, le Castor (4223 mètres) aux saisissants dénivelés, le majestueux Cervin (4478 mètres) encore appelé Matterhorn, le Weisshorn (4505 mètres) faisant partie d'une ceinture de hauts sommets ("La Couronne Impériale") le Mont Rose (4634 mètres) seconde cime alpestre. De cette liste, manque encore l'étonnant Liskamm (4527 mètres) surnommé "le mangeur d'hommes" dont nous allons suivre l'ascension par un couple d'intrépides alpinistes. Départ nocturne depuis la cabane Betemps avec les habituels aléas d'une progression hasardeuse et délicate, avec ses instables ponts de neige, ses sournoises crevasses et ses fastidieux labyrinthes de glace. Une éreintante et lente progression, avec quelquefois de la neige jusqu'aux cuisses et de nécessaires détours pour contourner des obstacles infranchissables. Une première halte au col de Felik (4290 mètres) et une ascension de plus en plus problématique avec de précaires arêtes glaciaires et l'obligation de se façonner des marches à coups de piolet. Arrivés enfin au sommet, une mer de nuages au-dessus des vallées n'augure rien de bon alors même que la nuit tombe lentement et qu'il faut rapidement vaincre une monumentale paroi de glace, à la seule clarté lunaire. La nuit s'est engouffrée dans les séracs du glacier de Grenz et le foehn, venu de l'Italie proche, commence à pousser ses hurlements glacés et glaçants. Alors qu'un brusque changement de météo est attendu, on décide de s'abriter dans une anfractuosité rocheuse, en attendant le lendemain pour commencer une descente toujours risquée en franchissant de puissants amas morainiques.

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