Face au nouveau Disney qui revient tous les Noëls, les autres films d’animation connaissent des sorties plus confidentielles. Pourtant, ce film de Hastrup mérite vraiment d’être vu. Il a été produit par Les Armateurs qui avait déjà soutenu en son temps Kirikou et la sorcière. Petits et grands seront sous le charme de cette fable au pays des Inuits.
D’une beauté magique et poétique, L’enfant qui voulait être un ours raconte comment un bébé esquimau grandit avec une maman ours et un corbeau très drôle, gourmand et maladroit. Lorsque ses parents le retrouvent et le ramènent dans la civilisation, il n’a qu’un désir : devenir un ours. Le génie de la montagne pourra-t-il l’aider ? On est loin ici de toute mièvrerie. Certaines séquences sont même assez impressionnantes, traduisant la dureté de la vie dans le Grand Nord où l’ours, l’animal le plus dangereux de la banquise, est au cœur des peurs et nourrit les mythologies. Mais l’ours est aussi un animal menacé par l’homme. L’enfant qui voulait être un ours est à la fois un film d’une belle force romanesque et un film qui a l’intérêt d’un documentaire. C’est un film audacieux qui surprend. Le choix de vie de ce petit enfant élevé par un ours est contre nature. Pourtant, sentimentalement parlant, on le comprend. Quel est le spectateur qui n’a pas eu un pincement au cœur en voyant Mowgli quitter Bagheera et ce cher Baloo pour aller vivre parmi les hommes ? Ici, le film chante la liberté du cœur, et la magie propre au conte accomplit l’impossible. Le graphisme, les couleurs, le rythme du récit s’accordent avec cette histoire, formant un tout artistique harmonieux. L’enfant qui voulait être un ours est un film d’animation réalisé de manière traditionnelle au crayon et au pinceau. Il y a une pureté dans le trait au service de l’expression, l’immensité de l’espace est rendu par un travail sur la lumière et les ciels aquarellés de roses et de rouges flamboyants traduisent la magnificence des aurores boréales. A cela s’ajoutent la musique de Bruno Coulais et les créations sonores de Niels Arild. La musique, très inspirée, accompagne sans souligner. Elle est créatrice de l’atmosphère et elle émeut. Elle allie le chant d’un enfant aux chants étranges de Kaya Brüel et de Marie Boine, une grande chanteuse norvégienne. Les rythmiques ont été réalisées avec des matériaux naturels comme des pierres ou des branches d’arbres, des jouets, des trombones qui grondent, etc. L’enfant qui voulait être un ours est un plaisir pour l’imaginaire et un régal pour les sens. C’est un film qui se démarque avec bonheur des dessins animés survoltés, aux couleurs criardes et aux sons agressifs, qui sont malheureusement une tendance d’aujourd’hui. Ce film met dans un état d’apesanteur et dépayse. On ne saurait le recommander aux enfants de moins de cinq ans, à moins qu’ils ne soient déjà des blasés des émotions. De plus, beaucoup de subtilités du scénario leur échapperaient et ce serait dommage. Pour les autres, de 5 à 77 ans, ce film est un cadeau cinématographique de fin d’année, dont il ne faudrait pas se priver.
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Son site : Ecrivain de votre vie)