Ce film de Thomas Vinterberg est particulièrement décevant, d’autant plus après Festen. Le scénario fourmille de choses incompréhensibles et d’idées plus ridicules les unes que les autres. L’action est sensée se passer en 2021, c’est pourquoi quelques petits détails douteux, lourdement amenés à l’écran, viennent rappeler que l’on est en pleine anticipation. Les cadavres jonchent les rues, les aéroports, etc. sans que cela émeuve qui que ce soit (sauf le couple de héros bien sûr), tant les arrêts cardiaques provoqués par la solitude sont devenus fréquents. Le phénomène touche surtout les enfants, ce qui donne lieu à des insertions de mauvais goût dans certains plans : un enfant dans une poubelle ou un autre effondré sur le banc d’un parc. Et la télévision parle du phénomène des Ougandais volants ( ! ?) ; il neige à Paris, Venise, New York en plein mois de juillet (le temps est détraqué voyez-vous…) ; l’eau gèle, sans raison, tous les jours à heures fixes pendant deux minutes. Le dérèglement de la planète explique aussi le fait que, durant tout le film, le frère de John (Sean Penn, égaré) raconte les sept derniers jours de sa vie. L’avion dans lequel il se trouve ne peut plus se poser nulle part et restera en vol jusqu’à épuisement du kérosène. Cette « comédie du remariage », sans originalité finalement, avec son soupçon de thriller sans suspens, est un échec total. Le scénario est incohérent et très mal structuré. On sent et on comprend le manque de conviction de Thomas Vinterberg pour tourner ce film. Encore une victime du rêve hollywoodien ?… où l’on voit un cinéaste européen prometteur devenir un vulgaire tâcheron pour studios à la production industrielle. Je me suis dit qu’Elena, la patineuse polonaise dont le talent est exploité par ses managers américains, n’était en fait que la transposition à l’image de la situation du cinéaste lui-même. Thomas Vinterberg a dû rencontrer ses doublures – des réalisateurs interchangeables – dans les couloirs des studios. À moins que, dans une nouvelle provocation, après avoir adhéré au Dogme-95, Thomas Vinterberg se soit fait un plaisir d’en prendre le contre-pied le plus parfait. Plus sérieusement, j’ai hâte qu’il rentre au Danemark.