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NOI ALBINOI-2002-
Nationalité : Islande
Titre VO : Noi albinoi
Durée : 1h33
Date de sortie en France : 09/07/2003
Genre : DRAME
Réalisation : Dagur KARI
Scénario : Dagur KARI
Prise de vues : Rasmus VIDEBAEK
Musique : Orri JONSSON
Récompenses
- Meilleur Film Nordique, Goteborg 2003
- Prix FIPRESCI et Movie Zone, Rotterdam
- Grand Prix Jury et Meilleure Musique Angers 2003
- Grand Prix du Jury, Rouen 2003
Distributeur : Haut et Court
Visa d'exp. : 108487
Résumé
Nói, dix-sept ans, peine à se lever pour aller en cours. Sa grand-mère, pour l’aider, utilise un moyen radical : elle tire un coup de fusil de chasse depuis la fenêtre de sa chambre. Ainsi commence le premier film de Dagur Kári. De manière décalée. Nói a l’habitude de sécher les cours et, quand il y assiste, il rend fous ses professeurs par son indiscipline. Ce grand jeune homme au physique mystérieux, au crâne rasé (ce qui ne permet pas de vérifier s’il est effectivement albinos, comme l’annonce le titre), passe ses journées à la station-service où il a trouvé le moyen de se faire un peu d’argent de poche en trafiquant la machine à sous ; ou bien il joue au « Master Mind » avec le libraire du village qu’il bat toujours… Nói ne semble pas fait pour le lycée. Il inquiète son directeur qui a de la sympathie pour lui. Il sent que Nói est un surdoué. D’autres pensent plutôt qu’il est l’idiot du village… Le jeune homme vit chez sa grand-mère. Son père, chauffeur de taxi, est resté un grand enfant, totalement irresponsable, au point qu’entre lui et son fils les rôles s’inversent. Les choses changent quand Nói rencontre Iris, la fille du libraire, venue pour travailler quelque temps à la station-service. Il en tombe amoureux et Iris n’est pas indifférente. Nói sort alors de sa solitude. Il n’a pas d’ami véritable : ni le libraire, ni son voisin de classe ne peuvent endosser ce statut. C’est peut-être son père qui est son « meilleur copain ». Nói se réfugie souvent dans la cave de la maison de sa grand-mère. Accoutumé à la solitude, il la préserve jalousement et s’octroie ces séances de silence et de pénombre un peu morbides. Comment ne pas penser à une inhumation volontaire ? D’ailleurs, après son renvoi du lycée, son père lui trouve une place de fossoyeur. L’idylle avec Iris tourne mal. Nói prend l’histoire trop à cœur et effraie la jeune fille. Dans une scène cocasse, il tente de braquer la banque. Personne ne le prend au sérieux car tout le monde connaît Nói au village. On lui retire le fusil des mains et il se retrouve dehors piteux comme un petit garçon corrigé. Il revient néanmoins à la banque, mais cette fois en tant que client qui retire l’argent de son compte. Il s’achète des vêtements puis il vole une voiture pour aller chercher Iris. Le braquage de la banque, l’achat des vêtements et le vol de la voiture sont destinés à impressionner Iris. Ils avaient vaguement parlé de quitter l’Islande ensemble : le hasard avait désigné Hawaï. Iris, dubitative et surtout effrayée ne bouge pas. Nói, déçu, repart avec la voiture mais est arrêté par la police. Après quelques heures de prison, la vie reprend comme avant : Nói retourne dans la cave. C’est pendant qu’il s’y trouve que se produit une avalanche. Il est bloqué. Quand il est secouru, Nói ne réalise pas véritablement ce qui s’est passé et il prend même la chose plutôt légèrement, comme une diversion dans la monotonie de sa vie. Alors qu’il se restaure avec d’autres rescapés en regardant la télévision, les noms des victimes défilent sur l’écran : son père, sa grand-mère, Iris, son camarade de classe, le libraire et le directeur de son lycée sont du nombre. Nói réalise enfin quelle est la situation. Il ne semblait pas s’inquiéter du sort de ces personnes, il se rend finalement compte enfin qu’elles constituaient son univers. En les perdant, il est maintenant vraiment seul. Les larmes qui lui viennent aux yeux expriment enfin les sentiments qu’il est capable de ressentir.
Critiques et Commentaires
Critique de Jean-Claude pour Cinéfiches
Note Cinéfiches : 14/20
Lumineuse noirceur islandaise !
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Critique/Commentaire
Critiques - Commentaires Public
Ce premier film de Dagur Kári a reçu le prix du festival d’Angers « Premiers plans » en 2003. Il est vrai que cette œuvre est prometteuse. Sous ses airs glacés, en cherchant bien, on peut trouver une grande sensibilité qui est inversement proportionnelle aux efforts déployés pour la masquer. Ce film traite d’une histoire de solitude. Celle d’un enfant sans mère, pour ainsi dire sans père, sans amis : la rencontre avec Iris semble providentielle à Nói. Ceci explique sans doute son attitude extrême envers elle. Il côtoyait pourtant ces gens dont il réalise qu’ils comptaient pour lui, qu’ils étaient autour de lui comme des amis potentiels. Peut-être regrette-t-il de les avoir traités avec distance, hostilité ou indifférence. La catastrophe finale est annoncée tout au long du film, mais elle n’est pas « téléphonée ». L’avalanche reste une surprise pour le spectateur. Ce n’est qu’a posteriori que l’on comprend les indices annonciateurs. L’indice le plus explicite était l’annonce, par un homme qui lisait dans le marc de café, qu’une mort surviendrait bientôt autour de Nói. Il n’y a pas cru, moi si. Mais j’avais pensé à la grand-mère ou au père, pas à tous les personnages secondaires qui gravitaient autour de Nói ! D’autres indices pouvaient également annoncer la mort : Nói (comme je l’ai déjà écrit) avec son aspect spectral, s’enterre lui-même dans la cave (Tómas Lemarquis pourrait jouer Nosferatu rentrant dans son cercueil au petit matin) ; il devient fossoyeur ; il semble s’intéresser au livre que le libraire jette à la poubelle dont l’auteur a un nom évocateur : « cimetière » (à savoir, un certain Kierkegaard). Si l’on ajoute à tout cela son absence de sourires, son ennui (« mortel » comme on dit), etc., on peut penser que Nói n’est pas vivant, qu’il est déjà mort ou destiné au suicide. Le vrai sujet du film est exposé là de manière très fine : la solitude est mortifère, l’autarcie affective est impossible et illusoire (Nói me semble en effet un brin narcissique). On n’existe pas seul, sous peine de devenir fou ou d’en mourir. C’est notre rapport aux autres qui nous tient vivant. Nói le comprend trop tard. Ce film est en cela très touchant. Toutefois, la gravité du propos tranche avec quelques scènes cocasses bien venues pour éviter la déprime à la sortie de la salle. On reverra Tómas Lemarquis bientôt, je l’espère, et l’on attend le prochain film de Dagur Kári plein d’espoir.
Bibliographie