Avec leur caméra ultra-légère portée à bout de bras, les Frères Dardenne scrutent Olivier, ce menuisier un peu sévère de prime abord, qui transmet le métier à des jeunes en difficulté sociale. Il y a du suspense dans cette intrusion au ras des faits et gestes, dialogues brefs, pas de musique du tout. Autre particularité, cette étrange ceinture évitant à l'artisan-éducateur d'en avoir plein le dos. Drôle de volte-face pour s'encombrer du meurtrier d'un des siens... Rester du côté de la vie, c'est le propre des éducateurs les plus purs, mais alors cette tension resserrée sur les personnages n'annonce rien de bon au contraire... J'ai trouvé que le jeune Francis (Morgan Marinne, dont c'est le premier rôle) incarne avec force ce délinquant enfant qui a purgé sa peine et serait apte à renaître. Il forme, avec Olivier Gourmet, le tandem apprenti/patron que le boulot oblige au respect mutuel : de l'application, de la discipline, le métier met en valeur les hommes... Mais voici quelques détails sur le meurtre, cet instant qui jette toujours un froid... Les jours passent, à l'occasion de trajets dans la région, la fibre père-fils semblerait se déplacer par pulsions, comme si l'instinct était plus fort que la raison ou le souvenir. A les voir complices, à l'épreuve ou concentrés sur leurs planches, deux murés qui se comprennent... Qui sait, toutes choses restant relatives, si le fils légitime, dans le noble travail du bois, aurait approché cette grâce avec l'adulte, j'en suis venue à me le demander !