Tombé par hasard sur "L'auberge espagnole" hier en zappant sur la télécommande de la TV, je me laisse séduire par le rythme nonchalant et les personnages typés de cette comédie. Mince, le film semble plaisant et j'ai raté le début. Peu importe, le DVD de cette auberge espagnole figure dans ma vidéothèque depuis déjà un certain temps... J'époussette les toiles d'araignées sur la boîte... et je le glisse dans mon lecteur DVD. Et c'est parti pour un bon moment de cinéma comme je les aime !
Sorti en 2002 et réalisé par Cédric Klapisch, "L'auberge espagnole" est une comédie douce et amère sur les incertitudes d'une certaine jeunesse face à l'avenir professionnel et sentimental... face à l'avenir tout court. Des incertitudes qui m'ont été familières et qui me le sont encore souvent... Ce sont ces doutes qui poussent "Xavier" notre héros superbement interprété par Romain Duris à quitter la France pour aller étudier une année dans la chatoyante "Barcelona". Là-bas il va rencontrer un sympathique "melting pot" culturel sous la forme de colocataires très européens. Il y a l'Italien "fashion victim", le Danois trop sûr de lui, l'Allemand très studieux, l'Anglaise faussement coincée et l'Espagnole très... espagnole ! En compagnie de cette attachante petite troupe, "Xavier" va passer des moments inoubliables qui vont l'éloigner de "Martine" sa petite amie française jouée par Audrey Tautou. En parallèle à quelques belles soirées festives ibériques, il va aussi finir par trouver quelques certitudes... L'amitié sous les traits d' "Isabelle", une lesbienne belge (eh oui ça existe ! ) jouée par Cécile de France, et les plaisirs de l'amour interdit avec la trop belle, mais trop mariée "Anne-Sophie" incarnée par Judith Godrèche. Mais à la fin de son périple catalan, il va acquérir la plus grande certitude... celle qu'il n'est pas fait pour l'avenir auquel il se destinait. Là est la vraie richesse de ce film, prouver pour peu que ce soit nécessaire que le plus important n'est pas de suivre des chemins tout tracés dans la vie... mais qu'il suffit de se rappeler ses rêves d'enfant et tout mettre en oeuvre pour les réaliser, c'est ça le vrai secret du bonheur !
"L'auberge espagnole" est un film réussi. Tout en restant classique dans sa trame et dans sa construction, la crédibilité des personnages m'a permis de rentrer dans le film et de ne plus avoir envie d'en sortir. J'avais certains a priori négatifs sur ce film, ils se sont vites estompés pour disparaître complètement sous la force des dialogues percutants et des situations souvent amusantes sans jamais tomber dans la gaudriole. Les comédiens sont tous bons et justes avec une mention spéciale pour Romain Duris qui tient le film à lui tout seul. Il est sobre dans sa composition... qualité qui lui a parfois manqué depuis. J'ai aussi particulièrement apprécié le personnage de "William" joué par Kevin Bishop le frère de "Wendy" la colocatrice anglaise. Par ses excès, il m'a rappelé quelques excès à moi... il faut bien que jeunesse se passe. Cédric Klapisch réalise ici le portrait d'une certaine jeunesse européenne... et "L'auberge espagnole" n'est pas sans me rappeler "Trainspotting" ou "Le lauréat", deux de mes films cultes. Sans doute que ces trois films ont un point commun... ils décrivent une période transitoire de la vie d'un jeune homme, le passage d'un état à un autre. Dans ces trois films, le héros vit des moments de sa vie qui bien que très limités dans le temps vont le transformer en quelqu'un de très différent de ce qu'il était au début de l'histoire. C'est la magie du cinéma... non, c'est la magie de la vie tout simplement.
Après cette jolie soirée espagnole à la "Klapisch"...je n'ai qu'une envie, aller faire un tour en Europe de l'Est et plonger dans l'univers des "Poupées russes". Tout un programme...