Il a une jolie petite bouille, mais déjà les traits marqués, avec ce regard acéré, on jurerait un Pialat enfant. Qu'il fasse toutes les bêtises possibles, après tout, les fils de famille les plus unies peuvent l'égaler... Mais ce qui touche est bien que ce petit garçon de la DDASS soit cruel avec un animal familier, même s'il dit vouloir le sauver, ça fait pervers en puissance. On est à la fin des années soixante, les écoliers du primaire obéissent, reçoivent quelques châtiments corporels le cas échéant, les institutions sont puissantes, mais les familles d'accueil montrées sont ici "de braves gens". La part de documentaire et de roman se confondent, on se demande bien si c'est pris sur le vif ou s'il y a eu mise en scène par moments. Les éducateurs et les petits qui leur sont confiés, la bureaucratie se comportant déjà en gestionnaire (on n'ose penser à celle de 2008...), le défilé des parents temporaires, tout cet ensemble est criant de vérité. Je retiens surtout la lâcheté de géniteurs incapables de renoncer à leur enfant, qu'ils entretiennent dans un contact douloureux au lieu de le lâcher, ce qui barre le chemin de l'adoption. Les vrais parents sont-ils toujours les meilleurs ?... Stupidité d'un système générant une souffrance de génération en génération, sans parler de la délinquance qui peut en découler, parfois pour toute une vie. Alors qu'on s'acharne à vouloir des bébés bien à soi, tandis que d'autres s'esquintent dans des fécondations in vitro... Difficile de rester insensible au sort de ces innocents passant de bras en bras.