Revu en v.o. en 2008, avec toujours autant d'émotion. Qui mieux que Comencini a su mettre en oeuvre l'alchimie nécessaire pour que le public parvienne à s'identifier aux remous intérieurs de ses personnages ?... On est à la fois le parent fracassé, qui va, dans un grand sursaut d'orgueil, créer un secret de famille trop lourd, et ces petits pleins de fraîcheur devinant, chacun à leur rythme. Certes une épreuve pour l'adulte, d'annoncer une mort, trouver les mots, ne pas perdre les pédales... L'entrée en matière, cette voiture noire à grande vitesse, filmée toute resserrée jusqu'à ce qu'elle déboule dans la grande demeure où les serviteurs gardent les yeux baissés, angoisse... Les deux petits frères arrivent à leur tour, le père maladroit s'empresse auprès de l'aîné (scène mémorable d'agacement mutuel), en confiant le plus jeune aux femmes de service... Seul l'oncle Will apportera véritablement un semblant d'oxygène. Toujours entre le rire et les larmes à cause des frasques successives, et la constante maladresse paternelle, le spectateur est inquiet, mais se dit que ça devrait s'arranger, parce que l'ensemble est truffé de gags, une nurse allant jusqu'à rendre son tablier... C'est traité avec une grâce trompeuse, on se dit qu'il y a un Bon Dieu pour ces deux frères...Un film qui révèle la grande solitude enfantine et fait voler en éclats le protocole familial.