Résumé
Episode 1 :
L'uranium extrait du sous-sol doit être transformé en élément gazeux, puis enrichi et modifié en métal. Un important et crucial remaniement est ainsi opéré dans d'immenses usines, dont la première est située à Oak Ridge dans l'état du Tennessee. Après cette nécessaire transformation, l'uranium ainsi transmuté sera acheminé vers d'autres usines pour en faire du plutonium, élément radioactif présent dans les premières bombes atomiques. Ce qui nous emmène sur l'île de Lewis, dans les Western Islands, de nationalité britannique, au fameux aéroport de Stornoway où une urgente extension géographique, sous l'égide de l'OTAN, s'opère en vue d'une intégration dans une stratégie nucléaire. Alors qu'à Hiroshima, dans le parc commémoratif de la paix, sont recensés les chiffres et les conséquences de la bombe du 6 août 1945, on continue allègrement à installer des bases de sous-marins nucléaires. L'extension de la militarisation dans le monde, hors des frontières intérieures du pays, prend des proportions aberrantes et l'information concernant le nucléaire est systématiquement tronquée ou dissimulée. Nous sommes ainsi pris à témoin de quelles façons, le CEP (Centre Expérimental du Pacifique) manipule les communiqués de presse officiels, par de fréquents plans de coupe dans l'information transmise aux citoyens, par médias télévisés interposés...
Episode 2 :
Pour appréhender les vertigineuses dépenses militaires dans le monde, il suffit de savoir que chaque minute du film correspond à environ 1,5 millions de dollars décaissés pour l'armement. Alors qu'en Mozambique, colonie portugaise jusqu'en 1975 totalement exploitée et soumise, une coopérative agricole, gérée par un groupe d'une quarantaine de femmes, manque cruellement d'eau et de matériaux pour remettre à niveau une porcherie, aux States, le fameux Train Blanc qui transporte les ogives nucléaires en direction de moult sites militaires disséminés dans le pays, continue son mortel approvisionnement : depuis 1945, la qualité de vie dans le monde a augmenté de deux à quatre fois, tandis l'amélioration des armements se chiffre à 262 fois plus et la superficie de destruction par les armes a augmenté de 250 fois. Chiffre scandaleusement ignoré : le coût de l'approvisionnement en eau potable pour les deux milliards d'habitants qui en sont privés, représente à peine la dépense militaire globale de trois jours ! En Norvège, dans un petit village côtier, Stjördal, où une extension de l'aéroport local est en cours de réalisation pour permettre aux avions militaires américains de faire une escale, une famille du cru est confrontée à quelques photos prises lors des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, détaillant les ravages causés sur la population...
Episode 3 :
Comme évoqué précédemment, la manipulation de l'information par le biais de la télévision se fait en charcutant les prises de vue de telle façon que le continuum d'un reportage perd totalement de son sens premier et devient un compte rendu passe-partout (cf. l'émission sur les relations entre le Canada et les Etats-Unis qui sur une durée de deux minutes 06 a subi vingt-deux changements d'images). Qui sait que depuis 1945 jusqu'en 1987 (date du tournage du film) il y a eu 1603 explosions nucléaires dans le monde, qu'en Polynésie française les changements climatiques et le réchauffement de l'eau en sont induits directement. Dans le petit village mozambicain, le manque d'outils, de cuillères, d'assiettes est flagrant et les deux salles de classe existantes sont privées de toiture et de vitres. Imperturbable, le Train Blanc quitte trois fois par an le site d'Amarillo au Texas, avec ses ogives nucléaires pour approvisionner les sous-marins de la côte est. Les dramatiques photos prises après les explosions des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki sont montrés à deux autres familles, une russe de Leningrad et une américaine de Portland, leur laissant libre cours pour exprimer leur ressentis. Comme déjà narré par un foyer norvégien, dans un épisode précédent, l'évocation du danger nucléaire reste particulièrement difficile et complexe...
Episode 4 :
Les mêmes photos de la dévastation nucléaire au Japon sont montrées à une famille écossaise de Glasgow. La maison de Kathleen, Sam, David et Susan Smillie se trouve près des deux cibles nucléaires les plus importantes de Grande-Bretagne : la base britannique de sous-marins à Faslane et celle, américaine à Holy Loch. Au Mozambique, toute femme qui vient suivre des cours d'alphabétisation reçoit une paire de chaussures. A l'école, il n'y a pas de bancs pour les enfants ni de vêtements adaptés. En Allemagne, à Hambourg, un homme qui regarde les fameuses photos, se souvient de certaines bombardements durant la Seconde Guerre Mondiale dont l'intensité n'est bien sûr pas comparable. L'une des plus fortes concentrations d'armes nucléaires par hectare dans le monde, est cachée dans de paisibles campagnes à travers tout le nord de l'Allemagne. Puis c'est un couple français de Toulouse qui commente les prises de vue des explosions nippones. Au Mexique, entre un tiers et la moitié de la population du pays est privée du tout-à-l'égout, de toilettes, d'eau potable et d'électricité. 60% gagnent moins que le salaire minimum. 2700 personnes travaillent à l'usine de Pantex d'Amarillo, surtout des Mexicains et des femmes. Un débat dans un studio TV de Toulouse montre combien les gens sont désinformés sur les dangers du nucléaire...
Episode 5 :
Au sommet de Quebec où le président Reagan et le premier ministre Mulroney se rencontrent pour redéfinir un nouveau plan d'alerte concernant une éventuelle attaque nucléaire soviétique, l'interview donnée par un manifestant ne sera jamais montrée. L'opinion publique diffusée par les médias ce jour-là équivalait à 0,3% du temps consacré à l'événement et celui concernant les manifestations anti-américaine était nul, inexistant. Le bombardier B-29 qui transportait la bombe atomique qui a détruit Hiroshima a décollé de Tinian, sur les îles Mariannes, dans le Pacifique. Le voyage a commencé à 2h45, le 6 août 1945. Il était prévu que l'avion atteigne Hiroshima le matin, au plus fort de l'heure de pointe. Un débat en gaélique, avec la communauté locale de Stornoway est organisé concernant l'intensification de la militarisation de la région. La France est au 5e rang des dépenses militaires mondiales. On dit souvent que la paix a été préservée depuis 40 ans, grâce aux armes nucléaires. Depuis 1945, 66 pays et territoires ont été le théâtre de 105 conflits majeurs. Depuis 1945, ces conflits ont fait seize millions de victimes dont neuf millions de civils. Le coût d'un sous-marin nucléaire équivaut au budget alloué à l'éducation dans 23 pays en développement soit 160 millions d'enfants scolarisables. A Québec, le président des States parade devant la Garde Nationale canadienne...
Episode 6 :
Toujours la même manipulation des informations télévisées : durant le fameux conflit opposant l'Iran à l'Irak, changement d'images en moyenne tous les 3 secondes sur la plupart des chaînes. Objectif inavoué de l'extension de l'aéroport de Stornoway en Angleterre, permettre aux puissants avions cargo C-141 américains de transporter des troupes et du matériel en Europe, dans le cas d'une guerre nucléaire limitée. Les sondages d'opinion dans les pays occidentaux indiquent que les gens ressentent souvent un sentiment d'impuissance face au sujet des armes nucléaires. Un sentiment d'inéluctabilité qu'une autre guerre nucléaire aura lieu. Reconstitution en Norvège du plan d'évacuation de la population en cas d'alerte d'une attaque, qui doit quitter leurs habitations trop près des bases stratégiques. On montre à quelques personnes des photos d'armes nucléaires de différentes tailles, puissances, nombres, souvent inconnues du public. La défense soviétique utilise un sixième des réserves chimiques et énergétiques du pays, un tiers de la production métallurgique et de l'industrie des machines-outils et on estime que 60% des entreprises soviétiques sont mêlées à la production de matériel destiné à la défense. En 1980, sur mille enfants nés sur le territoire des States, 10 meurent avant l'âge de un an ; en Afrique, le nombre double, atteignant 21 décès.
Episode 7 :
La télévision a fait beaucoup pour montrer aux gens, installés dans leur salon, la misère qui existe dans le monde. Mais les gens ressentent aussi une certaine indifférence face à ces images. Parce que ce déluge d'images est si fort, si intense et immense, qu'ils se construisent une carapace. Plusieurs indices de la partialité de la couverture de la télé canadienne du sommet entre Reagan et Mulroney, se trouvent dans les commentaires des journalistes. Ils privilégient les réactions positives de la visite, malgré le fait que cette soirée avait été mise en scène devant une assistance choisie. Ils atténuent ou ignorent toute critique de sa visite et insistent sur la dépendance économique du Canada vis-à-vis des Etats-Unis. Sept cent vingt mille Québécois subsistent grâce aux aides sociales et en 1980, près du quart de tous les enfants de la région de Montréal vivaient sous le seuil de la pauvreté. Certains ouvriers découvrent que nombre de grandes entreprises travaillent en fait pour le nucléaire militaire. Près de la ville d'Utica, dans l'Etat de New York, un plan d'urgence, en cas d'alerte nucléaire, prévoit l'évacuation de deux cent mille personnes, un programme complexe rédigé sur près de cinq cent pages, avec un rôle primordial donné aux enseignants dans le plan de protection civile, dont ces derniers ignoraient tout le fonctionnement...
Episode 8 :
L'arabe enseigné dans les écoles algériennes aujourd'hui, n'est pas la langue parlée par les gens de la rue. Au contraire, les langues parlées en Algérie sont le berbère et l'arabe dialectal. La destruction de ces deux langues a été engagée par ceux au pouvoir aujourd'hui. La ville de Hambourg avant la guerre : de grands magasins modernes, des canaux, des ponts et une classe moyenne qui soutient Hitler. Les vieux quartiers ouvriers surpeuplés, décrits par les nazis comme des lieux où prolifère le communisme furent rasés pour empêcher qu'ils ne deviennent le refuge des opposants du régime. Ce qui est resté, après cette destruction délibérée a finalement été rasé par le bombardement des Alliés en juillet 1943 quand la Royal Air Force lâcha 2500 tonnes d'explosifs en l'espace d'une nuit faisant 70.000 morts, le même nombre qu'à Nagasaki. On évoque le plan d'urgence aux States dans l'éventualité d'une guerre nucléaire, avec l'existence d'enceintes souterraines de stockage dans des mines désaffectées. Des simulations en cas d'évacuation ont montré la flagrante inorganisation de l'ensemble du plan de la protection civile qui conjuguée à la panique de la population, mènerait à un inévitable chaos. Autrefois, en Afrique seuls les garçons allaient à l'école, les filles restaient à la maison. Le cimetière commémoratif de Piskaryovskoye à Léningrad témoignent de l'horreur des 900 jours de siège de la ville par les Allemands (750.000 personnes sont mortes)...
Episode 9 :
Force est de constater l'aberration technique et fonctionnelle de certains abris anti-atomiques collectifs en Allemagne, superficiellement enfouis sous terre et qui sont équipés, par exemple, de quatre plaques électriques de cuisson pour 1500 personnes. Fondamentalement, les States sont indifférents au Canada, à son économie, sa population. La seule inquiétude des Américains est que le Canada remette en question leur politique nucléaire commune, comme vient de le faire la Nouvelle-Zélande. Durant les manifestations contre la venue de Reagan au Québec, comme par hasard, les médias canadiens filment toujours du côté de la police, pas des manifestants. Quelques chiffres : en Union Soviétique, 180 dollars par an et par habitant sont affectés à la santé, 290 dollars à l'éducation et près de 46.000 dollars à l'armée, pour chacun de ses militaires. 50% du pétrole mexicain part aux Etats-Unis ainsi que tous les produits de première qualité. A la télévision algérienne, aucun média n'utilise le berbère, uniquement la langue arabe classique.C'est avec une incroyable impunité que les services secrets français exercent leurs pressions politiques après avoir coulé à Auckland un navire de Greenpeace. En Australie, à Melbourne, se déroule le procès de quelques membres des Amis de la Terre qui s'étaient enchaînés aux portes de la Western Mining, grand pourvoyeur d'uranium. En Polynésie, les poissons autours de l'île de Tuamotu sont désormais immangeables...
Episode 10 :
L'ensemble des médias audiovisuels noient "le poisson" et les spectateurs sous un flot de communiqués disparates et sournoisement émiettés, une sournoise technique qui a pour conséquence et pour but de diluer l'information essentielle dans un magma d'éléments secondaires ou anecdotiques. Des essais nucléaires britanniques passés en Australie, au large des îles de Montebello en 1952 et 1956 ont bien contaminé le continent australien, une triste réalité longtemps, cachée, censurée. Avec 3 milliards de dollars, on pourrait éradiquer la mouche tsé-tsé en Afrique et ainsi rendre exploitable un territoire aussi vaste que les Etats-Unis. Ce qui est ignoré, dissimulé, c'est que la dépense de cette somme, dans la course aux armements, est réalisée en l'espace de deux jours. Les Etats-Unis ont procédé sur son site d'essais souterrains du désert du Nevada, à l'explosion d'au moins 650 bombes nucléaires depuis 1951, dont 14 au cours des douze derniers mois. Des photos d'armes nucléaires sont montrées à une famille qui se désolent de l'argent ainsi gaspillé alors que des gens en Afrique meurent de faim. Le monde dépense actuellement dans la course aux armements environ 1,3 millions de dollars par minute. Il y a environ 50.740 militaires américains au Japon.
Episode 11 :
Encore des photos : celle d'une pancarte affichée à une clôture de l'usine d'armements nucléaires de Pantex annonçant aux passants qu'ils auront une récompense s'ils rapportent des armes nucléaires égarées (!?) ; celle de centaines de pots contenant les organes de quelques personnes ayant été irradiées à Nagasaki. Leurs organes sont conservés parce que les chercheurs ne savent pas encore comment étudier les effets de la radiation ; celle de la première usine au monde qui a produit du plutonium avec le réacteur B. sur le site de Hanford, classée désormais bâtiment historique de l'industrie. Au cours du tournage, en Australie, on a demandé à des volontaires de reconstituer un scénario imaginaire dans lequel ils seraient des réfugiés venus des villes de la vallée et de Melbourne à la suite d'une attaque nucléaire contre les bases militaires du pays. Ailleurs, des habitants des villes de Stjordal et de Trondheim ont accepté d'aider à réaliser quelques séquences, en raison de leur préoccupation pour la course aux armements et le manque d'informations données par la télé et l'état norvégien sur l'escalade militaire dans leur propre pays. Un réacteur moyen de 1000 mégawatts, en serice durant un an, accumule en substances radioactives une quantité équivalente à ce que dégageraient 1000 bombes comme celle d'Hiroshima...
Episode 12 :
Tenjin-Machi était un quartier dans le centre d'Hiroshima. Début août 1945, il comptait 400 habitants. Puis, dans un éclair, ce quartier bondé et vivant a disparu. 90% des habitants ont été tués. La majorité des survivants sont ceux qui avaient été évacués de la ville. De juin 1980 à juin 1981, les lycées et universités américains ont obtenu plus d'un milliard de dollars grâce à des contrats militaires. Cette somme est légèrement supérieure au total des dons accordés par le secteur privé à l'éducation en 1980. Pendant ce temps là, l'armée indonésienne massacre en Papouasie occidentale et au Timor, sans que l'Amérique et l'Europe ne réagissent. En Polynésie Française, les autochtones n'étaient jamais avertis d'une prochaine explosion nucléaire par la France, mais par des pays limitrophes, comme la Nouvelle-Zélande. Afin d'établir leur base d'essais à Kwajalein et environs, les USA ont chassé les habitants des îles Marshall et les ont réinstallés ailleurs. Ils ont été déportés dans la minuscule île d'Ebeye où 8000 personnes vivent désormais entassés sur 25 hectares. Une estimation du total des victimes soviétiques en Afghanistan varie entre 10.000 et 30.000 morts et le nombre d'Afghans tués oscille entre 250.000 et 750.000 au nombre desquels 100.000 auraient été exécutés. Nourrir l'ensemble de la planète et leur fournir un logement décent coûterait 21 milliards de dollars par an, c'est ce que la planète dépense en armements toutes les deux semaines.