Une fois dépassé l'académisme des premières images, soit une petite demi-heure entre fascination et agacement, c'est divin grâce à la subtilité de traitement. Une profondeur rare, qui fait qu'on a envie de se pencher sur cette "Princesse" remontée des oubliettes à nos jours. Minutieuse mise en scène du cinéaste insistant sur le contraste du musicien et de la jeune aristocrate élevée dans la retenue... Les dialogues en droit fil du roman, une articulation irréprochable, cette réputation à préserver coûte que coûte... Mais sous le vernis, les préoccupations de tout un chacun. La tentation, quand y succomber et pourquoi la désamorcer. Madame de Clèves (Chiara Mastroiani) héroïque, parfaite oie blanche pour son coup de coeur tout en s'épanchant auprès de son régulier... De prime abord, l'amie religieuse paraît moins austère que cette raide chapeautée, coupable d'avoir seulement ressenti, pas même failli... Deux scènes déboulant comme un cheveu sur la soupe dans l'intrigue (billet spontané au mendiant, séjour africain) indiquent que Manoel de Oliveira tient à un rééquilibrage des richesses entre nord et sud, on n'était encore qu'en 1999, où le terme bling-bling aurait fait rire... En prime, Pedro Abrunhosa sur scène, à mi-chemin entre Joe Jackson et Paolo Conte. D'énigmatiques accidents de la circulation aussi.