C'est somptueux côté son et images, et très corrosif sur le fond. L'élément féminin permet qu'on s'intéresse à ces deux benêts, marqués au fer rouge par la perte de leur animal favori et la toxicité parentale. Deux éclopés se versant le vin stocké au jerrycan dans un intérieur crasseux. Des souvenirs personnels de Sergio Citti seraient ici immortalisés (la nappe blanche du banquet familial). En arrière-plan, on décèle aussi l'empreinte de Pasolini, repoussant et fascinant, hostile à toute emprise remettant en cause ses certitudes. Insistance du poids religieux en prison avec humour parfois (à la question à un détenu, "vous vous confessez ?", la réponse "pour reprendre 30 ans ?")... La grâce du film tourne autour de la blonde sculpturale qui couche ou plonge dans la mer comme on respire, pur fantasme de machiste soixante huitard. Quelques plans séquence sabordés (cette danse à l'accordéon si charmante au début, vraiment lourde ensuite...). Cinéma très charcuteur des années soixante dix, intello, glandouilleur, éternellement adolescent comme c'était la tendance, grandes théories déclamées, actions a minima. Si les deux compères sont feintés par une créature de rêve sauvée d'un viol par papa, c'est la tragédie grecque d'un seul coup... Pour le spectateur, l'intérêt global se situe lors des pointes poétiques à partir de la barque, l'eau chaude, ce poison des sirènes. Le machisme reste modéré cependant, "la créature" a la vie sauve !