Critique de
EF
"La troisième génération" est un film fassbinderien pur jus. Clairement engagé, ce film dénonce à tours de bras. La révolution des petits bourgeois d’abord, illustrée par l’imposante tignasse de Cohn-Bendit que Fassbinder filme passant à la télé lors d’un débat. Ces furtives boucles rousses (enfin vertes, c’était là le génie de la télé allemande des années 70) suffisent à en résumer le propos principal. Il démontre aussi que toute manœuvre plus ou moins révolutionnaire est nécessairement dominée et manipulée par le pouvoir incarné ici par Eddie Constantine en grand patron. Les graffitis que reprend le réalisateur n’illustrent finalement que les réelles aspirations de nos pseudos rebelles : baiser et se shooter. Tout n’est que contradiction et absurdité dans "La troisième génération". Une femme tombe amoureuse de son violeur, un homme couche avec sa bru, le chef d’une cellule est un indicateur, un flic héberge son fils et sa bru, tous deux terroristes, un aristocrate lit Bakounine, un grand patron aime (et comprend) Tarkovski… Sur ce point, il me semble que Fassbinder appuie un peu fort sur son feutre. Sa démonstration n’en devient que plus laborieuse alors que par ailleurs pertinente. Ceci étant dit, j’aime Fassbinder. Il y a chez lui une hyperactivité folle qu’illustre à merveille ce film.