signature non-référencée
Un film qui, par son sujet, le traitement naïf des personnages, aurait pu passer inaperçu dans la vaste production des films fantastiques d'antan. Pourtant, il y a dans ce film, comme dans le récit d'Henry James, quelque chose qui touche l'individu dans le fond de son coeur, de son âme. Un quelque chose qui fait que l'oeuvre de Clayton, comme certains autres films de l'époque, dépasse de loin les productions actuelles, qui ne tiennent, maladroitement, que sur leurs effets, à juste titre dits spéciaux, car ceux sont effectivement leurs seuls traits exeptionnels. Le film de Jack Clayton est fantastique à tous les sens du terme. Un film dont la mise en scène, précise comme une horloge, légère comme du duvet, réjouit le spectateur sans douleurs et sans ennuis. Un film dont les ambiguïtés et les non-dits laissent le spectateurs au prise avec sa propre imagination et ses propres angoisses, dans un élan de compassion envers les personnages, admirablement joués par les acteurs, d'une facon que d'aucun trouvera par trop théâtrale, mais qui nous rappelle que le cinéma n'existe et ne fascine que parce qu'il nous emmène au-delà de la réalité et de nos mesquineries quotidiennes. Le merveilleux couple adelphique formé par Miles et Flora renvoie à une image perdue du Paradis, assiégé par l'avidité et l'égoïsme, et protégé par un ange-gardien qui se mue peu à peu en Cerbère. Je me souviendrais toujours de cette scène où le petit Miles déclame un magnifique poème qui pourrait être de Keats, appelant à lui l'enfer dévoreur d'innocence. Comme le papillon qui exulte auprès de la flamme chaude et brillante qui l'a attiré et le consumera. Les innocents est un pur chef-d'oeuvre A ne manquer d'autant moins qu'il est fort rare. JPO.