Sue représente justement ce qu'une femme redoute, à juste titre d'ailleurs si elle a une carence affective prononcée, un traumatisme de l'enfance et qui resterait inexpliqué. De quoi perdre tous ses repères et se saboter constamment. J'avais du mal à revoir ce film en dvd, ayant interprété les dernières images la première fois comme la fin de tout) : en fait, on ne sait pas vraiment le fin mot, tout en s'empressant de repartir sur la pointe des pieds dans notre home bien douillet... Car Sue qu'on trouve d'abord un peu p..., finit, au fil des épreuves qu'elle traverse, par conquérir le spectateur. Le plus étonnant dans le personnage est l'absence de peur, plutôt un fatalisme empreint de tristesse. Ambiguë,"borderline" sans concessions mais aussi le coeur sur la main, avec toujours ce non-dit qui semble un appel au secours. Pâle et grêle, avec un visage d'enfant extra-lucide et des cheveux d'ange (l'actrice est rendue physiquement très attachante par le réalisateur au fil de l'action). Après avoir éclaté en sanglots parce que tout s'écroule autour d'elle (il faudrait la perfection au stade d'exigence où elle est rendue), la voilà sans cesse repartie dehors, look toujours "très star" pour tenter de parler à défaut de coucher, ou bien les deux... On a tous un peu de "Sue" en nous à bien y regarder, mais en général on s'est domestiqué à force, elle fait partie de ces caractères qui continuent à croire au Père Noël.