A partir de remarquables témoignages de gens qui ont souffert des affres et des brutalités du pouvoir politique, complétés d'éloquentes archives souvent inédites, l'incontournable cinéaste slovaque Dusan Hanak, longtemps et fréquemment censuré dans son propre pays, reconstitue la vie des deux peuples, tchèque et slovaque, soumis à l'oppression d'une insidieuse dictature, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à la bénéfique Révolution de Velours, du début des années 1990...
En 1945, l'arrivée des armées soviétiques qui ont permis de chasser enfin l'ennemi teuton du pays, est accueillie avec un enthousiasme certain par la population. Rapidement de nombreux habitants sudètes, d'origine allemande, accusés d'avoir collaboré avec les nazis, sont soit expulsés en masse, soit envoyés dans des camps de travail. Une épuration en règle se met en place, avec le consentement tacite du parti communiste s'accaparant tous les postes cruciaux, après la démission du président Edvard Benes et la mise sur orbite du radical Klement Gottwald qui rapidement détiendra tous les pouvoirs. Ce sera le début d'un incroyable durcissement du politique contre tout ce qui pourrait se présenter comme une opposition. Seront particulièrement poursuivis, avec un acharnement certain, les prêtres considérés comme vecteur de dissidence et pour cela envoyés dans des camps spéciaux, affectés au traitement de l'uranium, mais aussi les paysans qui refusent de céder leurs terres, désormais exploitées par une coopérative. Alors que les messages de propagande transmis aux foules et au reste du monde, exaltent les grands travaux techniques du pays, on continue sans trop se cacher à mettre en place des petits goulags, condamner à mort de prétendus traitres et intenter des procès, jusque dans les plus hautes sphères décisionnelles, avec une récurrente phobie de la trahison et de la conspiration. A la mort de Gottwald, de la syphilis, son successeur, Antonin Novotny, garde une stricte mainmise sur les médias et continue vaille que vaille une outrageuse centralisation alors même que certains mouvements d'opposition éclosent discrètement, qui vont s'affirmer, un certain temps, durant le fameux printemps de Prague, hélas mis sous l'éteignoir avec l'invasion des chars russes. Durant une vingtaine d'années, les gens vont faire semblant de croire aux discours, pour avoir un peu de tranquillité, une forme de passivité hypocrite, conscients pourtant que les écoutes téléphoniques prolifèrent. Il faudra attendre les manifestations de 1988 et 1989, à Prague et à Bratislava, pour qu'enfin une véritable liberté s'installe, dans laquelle les gens pourront se moquer ouvertement des anciens pontes du communisme, grossièrement caricaturés par d'énormes têtes en carton pâte, à leurs effigies.

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