En apparence, l'histoire d'un petit homme gris, passif et soumis, dégarni et chauve de l'intérieur qui par l'irruption dans son existence d'une malencontreuse maldonne, un cancer intempestif, commence à se poser de vraies questions, à regarder en lui, autour de lui, en devenant ainsi un témoin de plus en plus lucide des errements présents et passés. En réalité, une critique pertinente et constante du régime communiste, subtil réquisitoire qui manque certes d'impertinence, mais compréhensible au vu de la lourde normalisation soviétique qui s'est abattue sur la société tchèque et slovaque. C'est donc à travers des dizaines de courtes séquences, souvent tragi-comiques, à connotation documentaire, voire de simples plans a priori incongrus ou anodins, que le réalisateur Dusan Hanak stigmatise les dérives et les inquiétudes quotidiennes, évitant adroitement l'empathie et la lourdeur démonstratives. Dans une contrée où l'on ne peut pas exprimer à haute voix ce que l'on pense et ce que l'on ressent, n'est-il pas exutoire et légitime de se peaufiner un taiseux cancer de la gorge, annihilant ainsi, ipso facto, toutes paroles contradictoires, voire contestataires ? En filigrane humain,
"Lauko de 5 à 7" ou les tardives compréhensions humaines d'un
Kanji Watanabe au pays des Soviets, sous couvert d'un surréalisme morose en patchworks acides et morbides.