Critique de
EF
Traditionnellement "vendu" comme l’un des chefs-d’œuvre du cinéma muet fantastique français, "La chute de la maison Usher" est pour tout dire, un chef-d’œuvre tout court. L’impression d’être face à un monument de trouvailles et d’expérimentations est constante. C’est d’ailleurs dans ce film qu’Epstein a poussé le plus loin l’expérimentation. Montage dont le dynamisme se plie au besoin (prenons l’alternance ultra rapide des images lors du morceau interprété à la guitare par Roderick Usher - joué par un Debucourt dont j'ai toujours trouvé la ressemblance avec Baudelaire frappante), travellings au sol, utilisation d’images ralenties, accélérées, floues, sur-imprimées… Le film est complètement plongé dans un onirisme fantastique (après tout, il est inspiré de la nouvelle de Poe) et morbide dont il faut rapprocher le "Vampyr" de Dreyer. La séquence la plus mémorable est sans aucun doute celle de la procession funéraire. C’est un morceau de bravoure, l’aboutissement d’années de recherches formelles, plein d’images qui restent pour sûr dans la tête du cinéphile. Epstein est à l’avant de l’avant-garde au même titre qu’un Abel Gance. C’est tout bonnement sublime.